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Italie, France : le tourisme européen mis au défi par la crise sanitaire

Papadopoli Venezia

Principal foyer européen du coronavirus, l’Italie voit des pans entiers de son économie subir le choc cataclysmique de l’épidémie. Le tourisme est aujourd’hui au point mort et commence à dresser un premier bilan de son activité. Enquête des deux côtés des Alpes sur un secteur frappé de plein fouet par une crise sanitaire sans précédent.

Prise par surprise, l’Italie fut néanmoins le premier pays européen à imposer le confinement généralisé à ses citoyens. En Lombardie – foyer de la pandémie- et en Vénétie, les hôpitaux furent rapidement saturés. Aujourd’hui, la situation est sous contrôle et les hospitalisations en soins intensifs sont en nette baisse. Le pays est en train de passer « de l’autre côté du pic », résume le journaliste Alban Mikoczy.

Au bilan humain s’ajoutent d’autres bilans, économiques cette fois. En Italie, le secteur du tourisme – environ 13 % du PIB et trois millions d’emplois si l’on compte l’hébergement, la restauration, et les transports – est aujourd’hui au point mort. « Le tourisme italien terminerait (…) l’année 2020 avec environ 172 millions de présences : un niveau que l’on enregistrait au milieu des années 60 quand le monde était divisé en blocs et quand les voyages aériens étaient un luxe que peu de personnes pouvaient se permettre », déclarait récemment Assoturismo, le syndicat italien des opérateurs du tourisme.

60 % de touristes en moins en Italie

Les professionnels du tourisme décomptent 60 % de touristes en moins comparé à l’année dernière. L’effet du Covid-19 sur le marché international et la confiance des voyageurs devrait entrainer une réduction « de plus de 260 millions de présences par rapport à l’année dernière». Le syndicat italien compte sur « un retour progressif à la normalité en mai, mais pas pour le tourisme ». Le redémarrage du secteur devrait se faire progressivement à partir de la fin du confinement.

En attendant, les villes du nord de l’Italie sont mises sous quarantaine dans le but d’enrayer la pandémie. Depuis le 8 mars, Venise a vu ses rues et ses établissements se vider. Seuls les vaporettos continuent de se déplacer sur le Grand canal. La vague de fermetures a touché toutes les catégories d’établissements hôteliers, mêmes les plus prestigieux.

Tous les hôtels logés à la même enseigne

Le Caffè Florian, le plus ancien café de la place Saint-Marc de Venise fondé en 1720, a dû fermer ses portes. Il en va de même pour le légendaire hôtel Danieli et sa vue imprenable sur la lagune et San Giorgio Maggiore. Mondialement connu, il fut l’ ancienne résidence de la famille du doge Dandolo, ami de Pétrarque. Le Harry’s Bar, fréquenté par Hemingway et dans lequel on aurait inventé le Carpaccio, connait le même sort.

Le très élégant Papadopoli Venezia ne fait pas exception à la règle. Un hôtel incontournable adossé aux jardins Papadopoli, situé sur le canal Tolentini à 300 mètres de la Piazzale Roma et qu’Hugo Pratt, l’auteur des aventures de Corto Maltese, a assidûment fréquenté. « Nous sommes restés ouverts jusqu’au bout, pour ne pas décevoir nos clients. Avant de devoir fermer pour les raisons que vous connaissez… », nous précise le promoteur immobilier Olivier Pelat, président d’EUROPEQUIPEMENTS et propriétaire du Papadopoli Venezia, qu’il a entièrement rénové.

Les experts du secteur restent confiants quant à un retour des touristes à Venise, une ville unique à bien des égards.

L’espoir d’un effet de rattrapage 

En France, la situation est semblable : le groupe d’hôtels et de casinos Barrière, célèbre pour ses établissements de Paris, Cannes, La Baule ou encore Deauville, a décidé de fermer tous ses établissements « pour une durée indéterminée ». Le palace de Courchevel ou encore le Majestic de Cannes ont suivi le mouvement. « La plupart des hôtels ont pris la décision de fermer » explique le directeur général de l’InterContinental de la place de l’Opéra à Paris.

« La période est inédite. La baisse du revenu moyen par chambre disponible devrait dépasser celle de 2009, année noire pour l’hôtellerie française », explique le dirigeant du cabinet spécialisé MKG, Vanguelis Panayotis. Optimistes, certains professionnels tablent malgré tout sur un rebond du secteur lié à un effet de compensation post-confinement. « Nous pensons à la reprise. A la sortie de cette période de confinement, les gens auront envie de bouger », déclare le Directeur général de la Fédération Internationale de Logis Karim Soleilhavoup.

« L’hôtellerie n’est pas un long fleuve tranquille. C’est un métier où il faut se remettre en question tous les jours (…) et se demander comment on fait pour parer à tous les imprévus» résume Olivier Pelat. En attendant, le confinement se poursuit en Europe. En Italie, on évoque, avec prudence, le 16 mai comme date possible d’entrée dans une première phase de déconfinement, mais rien n’est encore sûr à ce stade.

La rédaction:
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