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Food & Beverage : 5 tendances sur les évolutions réglementaires en 2024

La réglementation du secteur Food & Beverage évolue rapidement sous la pression des consommateurs. Des changements qui ont un impact considérable sur les industriels et leurs produits. Rencontre avec des experts de Trace One, leader mondial des solutions PLM et de compliance dédiées aux distributeurs et industriels des Produits de Grande Consommation (PGC), afin de discuter des grandes tendances réglementaires pour 2024.

        I. Développement durable : des règles toujours plus nombreuses

Les enjeux autour du développement durable « sont une tendance de fond depuis plusieurs années au niveau marketing, mais jusqu’à récemment, il y avait peu de règles et d’harmonisation », explique Erika Redaelli responsable de la réglementation chez Trace One. Après une phase de « greenwashing », les choses sont en train de changer en profondeur et devraient s’accentuer en 2024.

Une tendance confirmée par Jovana Stevanovic, Senior Food Regulatory Specialist, pour qui de nombreux sujets émergent autour des questions de développement durable, en particulier au sein de l’Union européenne, pour contrôler les promesses environnementales des industriels et « prouver leurs déclarations écologiques ».

Les initiatives et les recommandations de la Commission européenne (à l’image de la directive « Green Claims ») sur les déclarations écologiques, sont basées sur des réglementations plus larges autour de l’environnement et de la protection des consommateurs, comme la directive sur les pratiques commerciales déloyales, et la directive relative à la sécurité générale des produits. Ces recommandations visent à assurer que toutes les promesses environnementales des industriels sont exactes, comparables, vérifiables et ne sont pas trompeuses pour les consommateurs.

Dans les industries alimentaires, les entreprises peuvent communiquer sur différents points liés à l’environnement comme l’emballage, l’origine des ingrédients, ou l’empreinte carbone. Les initiatives de la Commission européenne exigent que ces communications s’appuient sur des preuves fiables et qu’elles soient compréhensibles pour les consommateurs. Des initiatives qui s’ajoutent à d’autres directives existantes comme le label écologique de l’UE qui fixe des critères pour certifier des produits écologiquement responsables, y compris dans le secteur alimentaire.

« Il est important pour les entreprises travaillant dans le secteur Food & Beverage de se familiariser avec les réglementations et recommandations européennes pertinentes sur les questions des promesses environnementales afin d’assurer la conformité et éviter des accusations de greenwashing ou de publicité mensongère. De plus, les réglementations et les recommandations peuvent évoluer avec le temps, il est donc recommandé de se tenir au courant des derniers développements de la Commission européenne et des autres autorités compétentes », ajoute Erika Redaelli.

Dans le même temps, une attention grandissante est accordée au bien-être des animaux issus de la chaîne de production alimentaire, en particulier en ce qui concerne la façon dont ils sont élevés, transportés et traités. Les réglementations varient d’un pays à un autre, mais il existe des standards communs, telles que les Normes générales de bien-être, que l’on retrouve dans différentes juridictions et qui visent à mettre en œuvre des standards minimaux en matière de traitement des animaux d’élevage.

Parallèlement, la protection de l’environnement et de la biodiversité ainsi que les pratiques d’approvisionnement durable font l’objet d’une attention particulière. Depuis 2023, le règlement européen interdisant les produits liés à la déforestation exige désormais que les produits consommés en Europe ne contribuent pas à la déforestation ou à la dégradation de forêts, et ce partout dans le monde.

Enfin, un débat est en cours sur la question du gaspillage alimentaire, notamment en ce qui concerne les initiatives liées aux dates de péremption des aliments, qu’elles soient réglementées ou non : dans certains cas où une date de péremption est appliquée, il s’agit de prévoir la possibilité de la supprimer et, dans ceux où elle n’existe pas, d’établir une distinction claire entre la sécurité alimentaire et la qualité gustative des produits. Certains distributeurs ont déjà pris parti de ne pas étiqueter les aliments dont la date de péremption n’est pas exigée par la loi.

     II. Sécurité alimentaire : abaissement des limites pour les contaminants

« Au fur et à mesure que la technologie s’améliore, les analyses techniques sont plus pointues et on retrouve davantage » de traces de contaminants dans les produits alimentaires, indique Erika Redaelli. Des progrès technologiques qui poussent à redéfinir les normes de manière plus stricte pour des contaminants comme les métaux lourds, les pesticides, les pathogènes microbiens ou les toxines. « On réussit à trouver des quantités de substance plus petites et les limites réglementaires se réduisent. On trouve aussi davantage de contaminants ».

Les producteurs et les industriels doivent s’aligner sur ces limites pour garantir la sécurité de la chaîne logistique alimentaire et protéger la santé publique. Le respect de ces normes est généralement assuré par des agences réglementaires chargées de l’inspection et de la réglementation de la sécurité alimentaire. Au cours des dernières années, le sujet des polluants persistants (dioxines, PAHs, PFAS), ces substances qui se retrouvent dans la nature à travers l’activité humaine et qui s’accumulent au fil de la chaîne de production, est également de plus en plus présent.

Par ailleurs, la contamination associée aux emballages et aux matériaux en contact avec les aliments suscite une inquiétude croissante.  « Les emballages peuvent interférer avec la nourriture. On voit une tendance à interdire certains contaminants et à abaisser les seuils pour d’autres ». Un sujet mis en lumière avec les débats sur l’interdiction du Bisphénol A ainsi que d’autres perturbateurs endocriniens potentiels, suspectés ou reconnus. « L’industrie doit être prête à des changements concernant tous les matériaux en contact avec la nourriture en réussissant le défi de produire des emballages durables ».

Globalement, la réglementation évolue en matière de sécurité alimentaire dans plusieurs directions ces derniers mois. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment fait évoluer ses recommandations sur la composition des formules de lait maternel, ainsi que sur la publicité et le format des emballages, afin d’interdire les images sur les emballages destinés aux enfants de moins de 3 ans, ce « qui crée un conflit entre les régulateurs et les recommandations médicales », déplore Nurberk Derelioglu, spécialiste de la régulation chez Trace One.

On constate également une tendance vers une protection renforcée des consommateurs par rapport aux allergènes : plus d’allergènes identifiés, des limites plus basses, et une reconnaissance accrue des risques de contamination croisée. « On commence à voir émerger des informations obligatoires en matière d’allergène, avec des limites plus strictes », complète Erika Redaelli, qui indique que de plus en plus de questions se posent pour les produits Vegan, qui peuvent contenir des traces de lait ou d’œufs. « A l’heure actuelle, il n’y a pas de réglementation de l’affichage sur les produits Vegan, mais seulement des standards. On va aller vers plus de protection des consommateurs ».

  III. Nouvelles sources de protéine : les premiers pas vers une réglementation du secteur

Le développement d’alternatives à la viande dans le but de créer de nouvelles sources de protéines d’origine végétale ou à base d’insectes, est en train de générer un début de réglementation du secteur, avec deux questions principales qui émergent : ces nouvelles sources de protéine sont-elles de qualité similaire à la viande ; les produits utilisés pour leur fabrication ont-ils des potentiels allergènes pour lesquels les consommateurs ne sont pas encore informés.

« Il y a beaucoup de discussions à ce sujet. Cela commence en Europe et on va voir des réglementations apparaître sur ce sujet », affirme Erika Redaelli qui note notamment « une tendance grandissante à avoir des moyens fiables pour faire la distinction entre des produits issus d’animaux et ceux issus de plantes ou fabriqués en laboratoires ».

Certains pays veulent protéger leur agriculture en interdisant ces nouvelles sources de protéines ou en faisant en sorte que la description de ces produits ne prête pas à confusion avec les produits fabriqués à partir de viande.

Les éleveurs sont notamment mobilisés pour protéger leurs produits et interdire l’utilisation de termes comme « viande » ou « lait » pour des produits qui ne sont pas issus de la production animale. « On voit de nombreuses initiatives sur la façon de commercialiser ces produits, sur le fait de savoir si ces produits ont les mêmes qualités », mais aussi pour déterminer les risques allergènes compte tenu de leurs modes de fabrication qui nécessitent l’utilisation de plusieurs ingrédients. « On voit de nombreuses discussions sur les protéines à base de pois et de pois-chiches et sur l’impact qu’une forte concentration de ces produits pourrait avoir pour certains consommateurs », précise Erika Redaelli.

La réglementation de nouvelles sources de protéines est un processus complexe et en constante évolution, qui requiert une attention particulière en matière de sécurité, de qualité, d’étiquetage, et d’aspects environnementaux. Les législateurs peuvent soutenir l’innovation, protéger la santé publique et préserver les intérêts des consommateurs en prenant des décisions proactives qui régulent le secteur.

En mettant en place des exigences claires en matière d’étiquetage, en utilisant au mieux les technologies les plus avancées, et en facilitant la collaboration entre les parties prenantes, les régulateurs et les acteurs industriels peuvent renforcer la confiance de tous dans ces nouvelles catégories alimentaires.

  IV. Réglementations locales : le risque d’une fragmentation du marché

L’essor de réglementations locales est de nature à provoquer des risques de fragmentation et de disruption du marché global dans le secteur Food & Beverage. Des risques qui se concentrent aux Etats-Unis avec les interdictions de certains ingrédients au niveau des Etats, et de manière mondiale avec l’émergence de scores nutritionnels reposant sur des standards multiples.

Aux Etats-Unis, on note « une tendance vers des initiatives locales pour l’interdiction de certaines substances », précise Erika Redaelli, en citant notamment une loi en Californie interdisant plusieurs additifs, reprise et étendue dans d’autres Etats comme l’Illinois ou New York. « Pour l’instant, ces interdictions sont limitées aux Etats-Unis, mais elles ont un impact pour tout le monde. Cela crée une fragmentation du marché et une limitation de la circulation des biens ».

Autant d’éléments qui génèrent de la complexité pour les industriels alors que leur intérêt tend vers la simplification et la réduction des stocks, afin que leurs produits puissent être vendus au maximum de consommateurs possibles.

Le risque de fragmentation est également présent dans les différentes solutions de scores nutritionnels ou d’avertissements mises en place à travers le monde, qui ne reprennent pas les mêmes éléments et les mêmes codes visuels. « Chaque pays a des solutions différentes concernant les guides visuels pour les consommateurs sur les emballages. Cela crée beaucoup de déconnection entre les différents marchés et de la difficulté pour s’y implanter avec un seul et même produit ».

Cette fragmentation du marché implique des divergences de standards, des coûts et des ressources additionnels en termes de mise en conformité, des chaînes logistiques encore plus complexes (pour déterminer l’origine des produits, de leurs ingrédients issus de différents sous-traitants), mais également un sentiment de confusion de la part des consommateurs et des barrières douanières limitant l’accès de certains marchés aux sociétés étrangères.

    V. Une tendance globale : la transparence vis-à-vis des consommateurs

Au final, la principale tendance 2024, qui regroupe toutes celles évoquées précédemment, a trait à la demande de plus en plus forte de transparence de la part des consommateurs, qui exigent un droit de regard sur les aliments qu’ils consomment et que les industriels soient responsables des effets sur la santé des produits qu’ils fabriquent.

« Les industriels ne doivent pas tromper les consommateurs », résume Nurberk Derelioglu. Et Erika Redaelli d’aller plus loin. « On constate un plus haut niveau de réglementation pour les consommateurs afin qu’ils soient informés et protégés.  La tendance est clairement à la transparence pour les consommateurs, voire à la réglementation par les consommateurs au niveau local ».

Une demande de transparence directement poussée par les consommateurs qui représente une tendance de fond pour les mois et les années à venir et qui impose de nouveaux défis aux industriels et aux distributeurs. Mais si cette demande de transparence représente des défis pour les industriels et les distributeurs, il s’agit également d’une opportunité pour ceux qui sont prêts à investir dans des initiatives liées à la transparence et à prioriser la confiance des consommateurs et la responsabilité. Faire le choix de la transparence peut avoir des effets positifs à long-terme pour la réputation d’une marque, la compétitivité et la croissance durable.

Ces tendances réglementaires redessinent le paysage du secteur Food & Beverage, en poussant les industriels à adapter leurs produits, leurs process et leurs stratégies pour se mettre au niveau des attentes des consommateurs et des exigences réglementaires. Les entreprises qui adoptent une attitude proactive vis-à-vis de ces tendances sont mieux positionnées pour réussir dans cet environnement en mutation rapide.

Les technologies digitales transforment la gestion de la mise en conformité et du cycle de vie des produits (PLM) dans le secteur Food & Beverage. Les autorités se fient aux plateformes digitales pour collecter les données, faire du reporting, assurer la traçabilité, et permettre une gestion et une application plus efficace des normes liées à la sécurité alimentaire.

Une mise aux normes sans stress grâce à Trace One

Trace One apporte de la valeur ajoutée aux entreprises Food & Beverage en rationalisant la gestion de la mise aux normes, en améliorant la visibilité et la transparence, en limitant les risques, en facilitant la collaboration avec les sous-traitants, et en leur garantissant d’être prêts en cas d’audit.

En utilisant les solutions Trace One, les entreprises peuvent évoluer à travers diverses régulations de manière plus efficace, et se concentrer sur la création de produits sains et de bonne qualité tout en gérant les défis tels que la durabilité du cycle de vie des produits ou les solutions de gestion des emballages.

La rédaction:
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