Fin mars, un décret a mis fin à la limite d’une cartouche de cigarettes que chaque Français pouvait ramener depuis un pays de l’Union Européenne. La suppression de ce seuil entraîne logiquement un manque à gagner pour les buralistes de Haute-Garonne.
En terrasse des bars de Haute-Garonne, il est courant d’observer des paquets de cigarettes colorés, avec les marques affichées en gros. Les paquets sont pourtant uniformisés et neutres depuis 2017 en France. Les paquets colorés qui pullulent sont étrangers. Ils viennent majoritairement d’Espagne, et coûtent entre 5 et 6 euros. Soit deux fois moins chers qu’en France.
La situation a empiré depuis le 29 mars dernier, avec le décret supprimant la limite d’une cartouche par personne pouvant être rapportée d’un pays de l’Union européenne. Le décret ne fixe d’ailleurs pas de seuil précis. « En dessous de quatre cartouches, il y a une tolérance. Mais au-delà, on peut estimer que c’est de la vente pour autrui et saisir les produits », indique le directeur régional des douanes et droits indirects de Toulouse Max Ballarin.
« Ça a obligatoirement un impact sur notre chiffre d’affaires », signale un buraliste basé à Saint-Gaudens. L’une de ses collègues de Cazères dresse le même constat : « Beaucoup de nos clients ont des paquets étrangers, et viennent seulement pour la Française des jeux ». Selon le président de la fédération des buralistes de Haute-Garonne Frédéric Pailhé, les buralistes du département ont vu leurs ventes de cigarettes baisser « de 10 à 15% en valeur ». Il ajoute que « tous les tabacs sont concernés, pas que les frontaliers ».
Les douanes se penchent sur le dossier
Afin de lutter contre le trafic de cigarettes et de tabac, les douanes lancent des opérations « coup de poing » avec les directions de Perpignan et de Bayonne. « Pendant une ou deux heures, on coordonne nos contrôles sur une frontière, en présence de toutes les brigades. La dernière action début juillet n’a pas mis en évidence davantage de fraudes depuis le décret. Les particuliers font attention », informe Max Ballarin.
Le directeur régional des douanes affirme que le nouveau texte n’alourdit pas le travail des agents et n’a pas d’impact « majeur » pour les buralistes hauts-garonnais. « On recherche surtout les grosses quantités. Je ne confonds pas les infracteurs : il y a parfois des particuliers qui ramènent un peu trop de produits. On les sanctionne aussi, mais notre sujet, c’est le trafic organisé », poursuit-il.
Les buralistes veulent « un moratoire sur le tabac »
« Les douanes font un travail remarquable. Mais ils ne sont pas assez nombreux », estime Frédéric Pailhé. Un autre buraliste de Haute-Garonne assure que les douaniers ne peuvent pas gérer la circulation du tabac : « C’est bien de mettre davantage de points de contrôle, que ça devienne plus drastique, mais ça ne dure qu’un temps ».
Les buralistes doivent trouver des solutions. « Heureusement pour notre chiffre d’affaires qu’on diversifie l’activité, en vendant la presse, des bonbons, des boissons, des photocopies… », précise une gérante de bureau de tabac.
Frédéric Pailhé tape du poing sur la table. Il appelle à un moratoire sur le tabac. « Tant que la différence entre le prix des paquets français, et celui des paquets des pays voisins n’est pas autour de 30 %, il faut arrêter l’augmentation en France », avance-t-il.
L’idée ne fait toutefois pas l’unanimité. D’après un rapport de mai dernier, le Sénat compte porter le prix du paquet de cigarettes à 20 euros d’ici 2034 et à 25 euros à l’horizon 2040.
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