Le Sénat compte fixer le prix du paquet de cigarettes à 26 euros en 2040

Afin de faire reculer la consommation de tabac en France, un rapport de la commission des affaires sociales du Sénat propose d’augmenter le prix des paquets de cigarettes de 5% par an jusqu’en 2040. Ce projet déplaît grandement aux buralistes, qui tirent la sonnette d’alarme face à la montée en puissance du marché parallèle.

Selon un récent rapport de la commission des Affaires sociales du Sénat, la France doit encore augmenter sensiblement le prix des paquets de cigarettes pour diminuer la consommation de tabac. C’est pourquoi les parlementaires travaillent sur la « fiscalité comportementale en santé », soit les taxes créées afin de désinciter à l’usage du tabac, mais également de l’alcool.

Les membres de la commission ont une proposition phare et sensible : monter les prix des produits du tabac d’au moins 5% chaque année jusqu’en 2040. Cela correspond à 3,25% de hausse annuelle hors inflation, via la fiscalité et une augmentation de la rémunération des buralistes.

Un combat « erratique »

Les sénateurs soulignent que l’Hexagone n’arrive toujours pas à réduire la prévalence tabagique. Et ce malgré des prix élevés et de multiples initiatives anti-tabac, comme le « mois dans tabac », ou l’interdiction de la publicité et de la consommation dans les lieux publics. Un majeur sur quatre continue de fumer aujourd’hui.

Cet échec représente un lourd coût social et économique. « Le raté de la lutte contre le tabagisme vient de son caractère erratique », analysent les parlementaires. Ces derniers prônent la constance et la force pour combattre le tabac. « La prévalence du tabagisme diminue quand le prix augmente de plus de 4% », précise le rapport, qui demande logiquement à l’exécutif de rehausser les taxes.

Si le gouvernement suivait ce conseil, le prix du paquet atteindrait 15 euros dans cinq ans. Il dépasserait ensuite la barre des 20 euros d’ici 2034 et celle des 26 euros à l’horizon 2040. Le tabac pourrait même être encore plus cher si les industriels décidaient d’augmenter leurs tarifs et leurs marges.

Les buralistes craignent la contrebande

La recommandation du Sénat pourrait être un nouveau coup dur infligé au portefeuille des fumeurs, qui ont déjà vu le prix du paquet passer de 7 euros il y a 7 ans à 12 euros en juin. De leurs côtés, les buralistes dénoncent depuis des années le lien entre l’augmentation des prix des paquets et la baisse de leur chiffre d’affaires. Les ventes dans les bureaux de tabac français ont diminué de 33% depuis 2017. Au premier trimestre de cette année, les buralistes ont vendu 16% de cigarettes en moins comparé à la même période de 2023.

D’après les buralistes, mais également les industriels du tabac, la dégringolade des ventes s’explique par le fait que les fumeurs se tournent de plus en plus vers le marché noir. Ils se fournissent également de manière croissante dans les pays frontaliers affichant des prix nettement inférieurs. Il est possible d’acheter des paquets 5 euros en Espagne, en Italie ou en Belgique par exemple.

Alourdir les tarifs dans l’Hexagone devrait inévitablement accélérer cette tendance. A cela s’ajoute le décret du 29 mars dernier autorisant les fumeurs français à ramener autant de cartouches de cigarettes qu’ils souhaitent depuis un autre pays de l’Union européenne.

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