Comprendre la hausse des tarifs réglementés du gaz

Le gaz est en hausse
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Les tarifs réglementés du gaz ont augmenté de 7,45 % le 1er juillet 2018. La hausse est substantielle et a été décidée par le Gouvernement. Si les ménages qui se chauffent au gaz naturel peuvent regretter cette hausse qui vient grever leur budget, il faut garder en tête qu’elle s’inscrit dans un contexte bien particulier. Les prix du gaz varient fortement et sont liés à ceux du pétrole. Le Gouvernement ne fait généralement qu’accompagner les variations tout en se protégeant au mieux du coût politique entraîné par les hausses.  

Le gaz est moins présent de l’actualité internationale, mais il s’invite dans les pages économiques dès qu’une hausse de ses tarifs est décidée par le Gouvernement. Il existe encore 5 millions de Français adeptes des tarifs réglementés et ces derniers ont vu d’un mauvais œil la hausse de 7,45 % s’appliquer au 1er juillet 2018. La décision du Gouvernement est prise sur les conseils de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE). Dans son rapport publié en juin, la CRE avisait d’augmenter les tarifs à hauteur de 6,5 %. Alors pourquoi une hausse encore supérieure finalement entérinée ?

Un contexte international déterminant

Le Gouvernement a fait le pari d’une hausse encore à venir des prix du pétrole. Ce marché mondial qui fait beaucoup plus la Une des journaux économique est le ressort qui détermine les cours du gaz naturel. Et depuis plusieurs mois, les cours du brut sont à la hausse en raison d’un contexte international compliqué pour certains gros producteurs d’hydrocarbures. L’Iran est dans l’œil du cyclone américain depuis que le président Trump a décidé de se retirer de l’Accord sur le nucléaire civil. La Libye, autre producteur (de pétrole et de gaz) connaît de graves troubles internes. L’OPEP et la Russie n’ont quant à elles pas augmenté sensiblement leur production alors que la demande continue d’augmenter.

Le cours du Brent est supérieur à 77 dollars en ce mercredi 4 juillet alors qu’il tendait vers les 60 dollars en mars dernier. Le rebond est salutaire pour nombre de pays producteurs, mais il a contribué à une forte hausse du prix du pétrole auquel il ne faut pas non plus oublier d’autres facteurs. Les coûts d’approvisionnement du gaz ont augmenté de 3 % et les coûts d’infrastructures et commerciaux sont également à la hausse (2,6 % et 2,5 % respectivement). La hausse des tarifs réglementés était donc inévitable et le Gouvernement a préféré une augmentation supérieure à 7 % en espérant que la prochaine réévaluation ne sera pas trop marquée.

Vers la fin des tarifs réglementés

Pour les ménages qui se chauffent au gaz, l’augmentation de 7,45 % des tarifs correspond à un surcoût d’environ 8 euros par mois, soit 96 euros sur une année. La hausse n’est donc pas neutre et ravive la question de la fin des tarifs réglementés. Ces tarifs concernent très majoritairement la société Engie. Cinq millions de ses clients sont restés dans le cadre des tarifs réglementés tandis que 6 millions d’autres clients ont préféré d’autres offres, voire des offres issues de la concurrence. Les abonnés aux tarifs réglementés continuent de constituer une forte minorité qui va certainement devoir s’adapter à une évolution prochaine de la réglementation.

L’été dernier, le Conseil d’Etat a estimé que les tarifs réglementés étaient en infraction avec le droit européen de la concurrence. Un avis dont le Gouvernement a pris acte, mais l’exécutif se réserve le droit de basculer progressivement vers des tarifs non réglementés. Le processus va prendre du temps puisqu’il devrait être achevé à l’horizon 2022. De nombreuses questions restent en suspens, mais les concurrents d’Engie surfent sur les dernières hausses pour montrer que les tarifs réglementés ne sont pas protecteurs. Les consommateurs ont-ils intérêts à chercher de meilleurs tarifs ailleurs ? Cela se pourrait bien puisque les offres sont en moyenne inférieures à 8 % pour les personnes qui se chauffent au gaz.

Le privé, dans le domaine de l’énergie, fait encore peur à de nombreux abonnés et il faudra encore du temps pour que les esprits évoluent. L’exécutif souhaite, semble-t-il, ne pas brusquer l’évolution même si les tarifs réglementés ne constituent pas toujours la solution la plus économique. Dans un contexte de hausse continue, les contrats au prix fixe sont très intéressants, mais les déçus du secteur privé sont aussi nombreux. Le choix n’est pas aisé et doit être mûrement réfléchi. L’arrivée des compteurs de gaz Gazpar aidera peut-être à se faire une idée plus précise de la consommation de gaz et permettra ainsi aux abonnés de choisir l’offre la meilleure en fonction de leurs habitudes de consommation.

Quoiqu’il en soit, la hausse du 1er juillet n’a pas tardé à faire réagir. Le candidat à la dernière élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, a exprimé son agacement sur Twitter. « « On nous avait promis “ni augmentation ni privatisation du gaz”. Nous aurons les deux ! ». L’Observatoire nationale de la précarité énergétique met l’accent sur une hausse insupportable pour de nombreux abonnés. Selon les estimations de l’Observatoire, six millions de foyers sont déjà confrontés à la précarité énergétique et le chèque énergie sera bientôt rendu complètement obsolète en raison des dernières augmentations. Le Gouvernement sait que la question énergétique est sensible et devra composer au mieux au cours des prochains mois.

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