La lutte contre l’alcoolisme n’est pas un long fleuve tranquille. Les alcooliers sont puissants et bénéficient de relais au sein des cercles du pouvoir. Cette critique est tout du moins portée par certains qui voient d’un mauvais œil la présence d’une ancienne lobbyiste du monde viticole auprès d’Emmanuel Macron. Et de lobbying, il en est question avec la « contribution » des alcooliers pour lutter contre l’alcoolisme. Une contribution qui ne passe pas auprès des experts en santé publique.
Peut-on être un alcoolier et en même temps un ardent défenseur de la lutte contre l’alcoolisme ? La question se pose depuis quelques jours et la publication d’une « contribution » qui entend contribuer au combat contre l’alcoolisme en France. Un pays où la consommation d’alcool augmente tant qu’il se classe désormais parmi les pays où la consommation d’alcool est la plus élevée (11,6 litres par an et par personne en moyenne). Les enjeux de santé publique sont énormes et les alcooliers entendent faire entendre leur voix malgré les critiques que cela peut engendrer.
Mais les réactions ont été particulièrement véhémentes dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde et signées par des sommités reconnues notamment dans le domaine de l’addictologie. Ces derniers reprochent au lobbying alcoolier de vouloir prendre la place de l’Etat afin de faire de la prévention de l’alcoolisme une coquille vide qui n’ira pas contre les intérêts des industriels.
Les inquiétudes concernent la présence d’Audrey ¬Bourolleau, conseillère agriculture d’Emmanuel Macron qui était la lobbyiste en chef des producteurs viticoles avant sa nomination. Une présence au sommet de l’Etat « d’un lobby qui ne cherche qu’à préserver ses propres intérêts, quelles qu’en soient les conséquence ». Pour rappel, l’alcool cause plus de 130 décès par jour en France et est la seconde cause de mort évitable derrière le tabac.
Les signataires de la tribune relèvent le « cynisme » d’un lobby qui « essaie de faire passer un financement hypothétique de la prévention de 5 millions d’euros pour un apport décisif alors que les chiffres d’affaires cumulés de la filière se comptent en milliards ». Une « pingrerie » qui pousse les experts à alerter l’Etat sur le manque de moyens actuel. La création d’un fonds de prévention contre l’alcoolisme dirigé par le ministère de la Santé et doté d’une « même dotation que le fonds tabac » – soit 100 millions d’euros – est demandée par les experts.
Nul doute que le gouvernement prendra en compte cette sortie très médiatique qui l’expose sur la question des conflits d’intérêts et sur l’efficacité des politiques publiques de prévention contre l’addiction.
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