La Banque de France teste avec succès l’utilisation des MNBC

Un panier de dévises numériques.
Un panier de dévises numériques. (Ph: Unsplash).

 

Pendant dix mois, la Banque de France a mené avec succès une série d’expérimentations sur l’utilisation d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) sur le marché de la dette nationale. Ces tests concernaient notamment l’émission d’obligations, de nouveaux titres et le paiement de coupons. Ils visaient à évaluer l’exécution de ces opérations sur une plateforme blockchain et à identifier la valeur ajoutée de cette technologie du point de vue de l’utilisateur.

Le projet piloté par la Banque de France

Un consortium d’établissements dirigé par Euroclear, fournisseur de services post-marché de confiance du secteur financier, a expérimenté pendant dix mois l’utilisation de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pour le règlement des bons du Trésor français sur une plateforme de blockchain. L’essai a été piloté par la Banque de France et comprenait notamment BNP Paribas, Crédit Agricole, HSBC et Société Générale. Il s’est appuyé sur un système développé par le groupe américain IBM, qui a apporté à Euroclear son expertise en matière de conception. Il a également fourni toutes les fonctionnalités nécessaires, dont le cloud hybride et les technologies de tokenisation avancées pour préserver la confidentialité.

Selon un rapport publié cette semaine, le consortium a exécuté 500 instructions sur les marchés primaires et secondaires. Il a aussi émis des obligations et de nouveaux titres, réalisé des accords d’achats, des paiements de coupons ainsi que des remboursements d’opérations. Euroclear n’a pas souhaité dévoiler la valeur de ces transactions. Mais il souligne que le test avait pour but de démontrer que les opérations précédemment citées peuvent s’effectuer sur une blockchain. Par ailleurs, il s’agissait de prouver qu’une telle plateforme peut coexister et interopérer avec le système bancaire existant. En outre, l’essai visait à établir la valeur ajoutée de la technologie blockchain et à jauger son intérêt pour l’utilisateur.

Des résultats satisfaisants, mais des défis à relever encore

D’après le Financial Times, qui a consacré un article sur le rapport, ce test est « l’un des  plus significatifs à ce jour sur les cryptomonnaies dans un marché établi de premier plan ». Isabelle Delorme, directrice générale adjointe d’Euroclear France, abonde dans le même sens. Elle salue le succès de cette expérimentation et se dit heureuse d’avoir travaillé sur ce projet pionnier avec les grands groupes financiers et la Banque de France. « Ensemble, nous avons réussi à mesurer les avantages inhérents à cette technologie, concluant que les monnaies numériques de la banque centrale peuvent régler la monnaie de la banque centrale en toute sécurité », a-t-elle indiqué.

Toutefois, Isabelle Delorme précise « qu’il reste encore des défis à relever avant que nous ne puissions envisager la mise en place de plates-formes de blockchain dans un environnement de production». Euroclear continue ainsi à exploiter toutes les possibilités d’améliorer l’efficacité de ces moyens. ». Notons que le pilote mis en place par le consortium fait partie d’un programme commandé par la Banque de France en mars 2020 pour explorer le fonctionnement et les possibilités des monnaies numériques. Les essais devraient permettre à l’institution de garder la main sur ces cryptomonnaies, alors que les initiatives privées se multiplient. On pense particulièrement au projet Libra (devenu Diem) de Facebook.

Un euro numérique attendu

Si la France est particulièrement avancée sur cette question, plusieurs pays s’activent à contrer les géants de la tech. Il y a par exemple la Suède et la Chine, qui a déjà mis en circulation son yuan numérique dans le cadre d’essais grandeur nature. Aussi, l’Europe a lancé en juillet dernier la phase d’étude du projet d’euro numérique sur 24 mois. Cette étape vise à traiter les questions essentielles se posant en termes de conception et de distribution de cette devise virtuelle. Il faudra particulièrement définir le registre propre à l’euro numérique, établir la confidentialité et lutter contre le blanchiment de capitaux, entre autres. Cet euro numérique cohabitera avec les espèces, sans les remplacer.

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