Cécité : une nouvelle étude confirme le lien avec la pollution

Photo de Josh Calabrese sur Unsplash

Une étude menée par l’Université de Bordeaux et l’Inserm confirme le lien, déjà établi par de précédents travaux britanniques, entre la pollution atmosphérique et la cécité. Elle démontre que l’exposition à de fortes concentrations de particules fines augmente les risques de glaucome à partir d’un certain âge.

On savait déjà que la pollution atmosphérique a des conséquences négatives sur notre santé à court et à long terme. Elle provoque, entre autres dégâts, des maladies respiratoires aiguës et chroniques (cancer du poumon, par exemple) et des maladies cardiovasculaires. Elle peut même causer divers troubles comme la maladie d’Alzheimer  en s’attaquant au cerveau. Mais beaucoup d’entre nous ignorait encore que cette pollution pouvait également endommager notre vue.

Du glaucome à la cécité totale

C’est ce que prouve une étude de l’Inserm et de l’université de Bordeaux, à paraître formellement en septembre 2023. Les chercheurs français ont établi un lien clair entre l’exposition aux particules fines et le risque de développer un glaucome. Cette maladie neurodégénérative du nerf optique amincit progressivement la couche de fibres nerveuses de la rétine jusqu’à provoquer la cécité, si elle n’est pas traitée à temps.

Selon l’OMS, le glaucome est la deuxième cause de déficience visuelle dans le monde avec près de 5,2 millions de personnes touchées (15% du total des aveugles). Jusqu’à présent, la plupart des facteurs de risque sont hors de notre contrôle (âge avancé, génétique, etc.). Mais il faut maintenant y ajouter un facteur dérivé de nos activités : la pollution de l’air.

Suivi oculaire des patients et analyse de leur environnement

Pour fixer cette relation de cause à effets, les chercheurs de l’Inserm et de l’université de Bordeaux ont suivi pendant dix ans (2009-2020) 683 personnes âgées de plus de 75 ans. D’abord, ils leur ont fait passer des examens oculaires tous les deux ans pour surveiller l’état de leurs yeux. Avec pour objectif principal de mesurer l’évolution de l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses de la rétine, indicateur de la maladie. En effet, l’amincissement de cette couche rime toujours avec glaucome.

Parallèlement, les chercheurs ont étudié l’environnement des participants pour évaluer leur niveau d’exposition à la pollution atmosphérique. Ils ont cartographié les différents polluants (monoxyde de carbone, ozone, dioxyde d’azote, particules fines) et pris en compte certains éléments déterminants. Parmi lesquels la proximité des routes, la densité de population, la distance de la mer, l’altitude et les stations de contrôle de l’air. Résultat : la couche nerveuse rétinienne s’affine plus précocement chez les individus les plus exposés à de fortes concentrations de particules fines.

Confirmation d’observations précédentes

Pour l’Inserm, cette étude confirme les observations précédentes sur les effets de la pollution atmosphérique sur la vue. En effet, une étude britannique publiée en 2019 dans la revue Ophthalmology & Visual Science indique que les personnes vivant dans les quartiers les plus pollués avaient 6% plus de risque de souffrir de glaucome. Aussi, une  étude publiée en 2021 dans le British Journal of Ophthalmology note qu’une forte pollution atmosphérique constitue un facteur de risque de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Cette perte progressive de la vue est la principale cause de cécité irréversible dans les pays à revenu élevé.

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