L’IGP « savon de Marseille » déchire les producteurs

Un marché de 400 millions d’euros, des ventes en progression de 5% par an, … Le savon de Marseille se porte très bien ce qui ne manque pas d’échauder les esprits de deux associations de fabricants qui se disputent sur les conditions d’obtention de l’Indication d’Origine Protégée (IGP).

Une pétition appelant à la défense du « vrai savon de Marseille » a récolté 110 000 signatures en quelques jours. Les Français en sont de grands consommateurs (de 20 à 25 000 tonnes par an). L’excellente image dont bénéficie ce produit (local, « made in Provence », naturelle) est pourtant bien éloignée de la réalité. 90 % de la production n’est absolument pas provençale et 50 % provient d’Asie du sud-est. Valérie Boyer, députée de la cité phocéenne déplore cette situation et l’exploitation sans vergogne de l’image du produit. « On le retrouve même sur des sets de table, des cendriers ou même sur des savons en forme de boule de pétanque ou de sardines », explique l’élue.

Depuis 2015, sur l’initiative de Madame Boyer, l’IGP permet de protéger des produits non-alimentaires à l’image de l’Appellation d’Origine Contrôlée. Les producteurs doivent déposer une charte à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) qui prendre la décision d’accorder ou non (et sur quels critères) l’IGP.  C’est la question des critères définissant une éventuelle IGP qui déchire les producteurs de savon de Marseille. Valérie Boyer explique que la complexité vient du grand nombre de produits qui entre dans la composition des pains car « certains peuvent ne pas avoir été fabriqués dans la région comme l’huile d’olive pour le savon de Marseille par exemple ».

Deux camps s’affrontent depuis deux ans sur cette question. Qu’est ce que le savon de Marseille ou plutôt, quel produit peut bénéficier de l’IGP ?

 L’union des professionnels du savon de Marseille a envoyé une demande pour que l’IGP ne soit attribuée qu’aux fabricants préparant le savon dans un chaudron comme le veut la tradition. Elle souhaite aussi que l’IGP ne soit réservée qu’à des produits fabriqués dans les Bouches-du-Rhône. Seul quelques artisans travaillant du savon noir (pas adapté au soin du corps) seraient concernés. L’union des professionnels du savon de Marseille défend une IGP réservée à une production artisanale et locale.

Une autre demande, celle de l’association savon de Marseille France, a été envoyée à l’institut national de la propriété intellectuelle. Cette association qui regroupe les deux plus importants industriels de savon de Marseille souhaite que leurs produits bénéficient de l’IGP. Si les deux entreprises suivent scrupuleusement la recette reconnue par la Direction des Fraudes, les produits qu’ils fournissent ne sont pas marseillais mais nantais ou haut-savoyard.

Julie Bousquet-Fabre, porte-parole de ceux qui désirent une IGP pour un produit local résume ainsi la situation : « Nous ne faisons pas le même métier, Nous défendons un projet local et authentique avec un savoir-faire ancestral. Nous ne pouvons pas concevoir que le Savon de Marseille ne soit pas réellement produit dans la région »

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.