Colza contre huile de palme : le match est lancé

L'huile de colza résistera-t-elle à la montée en puissance de l'huile de palme ?

Depuis trois jours, des agriculteurs bloquent une dizaine de raffineries et dépôts de carburant en France pour dénoncer l’importation d’huile de palme. L’enjeu est énorme puisque l’huile de palme prend une place de plus importante dans la famille des agro-carburants. Accusés de faire le jeu d’une agriculture étrangère peu respectueuse de l’environnement, Total et l’Etat sont dans le collimateur des agriculteurs.  

Depuis le début des années 2000, les pouvoirs publics encouragent le développement des biocarburants. Issus des ressources végétales, ces carburants écologiques se sont parés de toutes les vertus, mais plus d’une décennie plus tard, le bilan est plutôt mitigé et le conflit fait rage entre producteurs, raffineurs et l’Etat. Faute d’avoir communiqué les chiffres pour 2016 et 2017, nous nous appuierons sur les données publiées par l’Etat en 2015. Ainsi, la France a consommé cette année-là 3 millions de tonnes de biodiesel. Cela est 11 fois moins important que la consommation de gazole. Le premier constat est simple : les biocarburants ne se sont pas imposés en France.

Près de 85 % des biocarburants sont issus du colza contre seulement 10 % pour l’huile de palme et 4 % pour le soja. La France n’a produit que 50 % des biocarburants consommés sur son territoire. Un chiffre lui aussi faible qui engendre donc des importations issues de pays souvent lointain (Australie, Indonésie, etc.). Le coût environnemental est élevé alors que l’idée originelle était justement de protéger l’environnement avec des carburants non polluants. Ce coût est de plus en plus élevé puisque la filière de l’huile de palme gagne du terrain sur celle du colza. Entre 2010 et 2014, la part du colza est passée de 62 % à 53 % alors que l’huile de palme a été multipliée par six.

La tendance favorable à l’huile de palme s’est confirmée avec la décision de Total d’importer 300 000 tonnes supplémentaires qui seront conditionnés à la raffinerie de Mède (Bouches-du-Rhône). Total assure que cette huile venue de l’étranger permet le maintien de 450 emplois. Les producteurs de colza, eux, dénoncent une concurrence déloyale qui ne respecte pas les mêmes standards environnementaux. Sur un site bloqué à Grigny, un slogan s’insurge : « N’importons pas l’agriculture dont nous ne voulons pas ! ».

L’Etat a confirmé l’autorisation donnée à Total d’importer 300 000 tonnes supplémentaires d’huile de palme. Les agriculteurs disent avoir les moyens et la volonté de se mobiliser dans la durée, mais le combat semble mal engagé. L’huile de colza a toutes les chances de continuer sa percée sur le marché français en raison de son coût 17 % moins élevé que l’huile de colza et des coûts environnementaux qui ne sont pas visibles en France.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.