Costume et cravate : ils n’ont plus la côte au travail !

Un homme en costume, ajustant sa cravate

 

Selon une récente enquête de l’institut Kantar, les ventes de costumes pour hommes ont chuté de 60 % en dix ans en France. En 2011, 3,3 millions de costumes étaient achetés par an, contre seulement 1,36 aujourd’hui. Quant aux ventes de cravate, de trois millions vendues par an en 2012, elles sont passées à 1,42 million cette année.

Le bon vieux costard n’a-t-il plus la côte dans les bureaux ?

Le marché des ensembles veste-pantalon de même étoffe et même couleur s’est effondré en moins d’une décennie. Une étude de de l’institut Kantar, rapportée par Le Parisien, indique que les ventes de costumes ont chuté à 1,36 en 2019 contre 3,3 millions en 2011, soit une baisse considérable de 60%. La dégringolade concerne également son accessoire indispensable, en l’occurrence la cravate. De trois millions vendues par an en 2012, ces ventes sont passées à 1,42 aujourd’hui. Comment expliquer ce rétrécissement du marché des costumes ?

L’institut Kantar met en cause les profonds changements dans l’univers du travail. Il y a d’abord l’avènement des startups, ces jeunes entreprises qui ont cassé les codes. Dans ces sociétés, où l’on travaille parfois en coworking, la liberté est le maître-mot, même en matière vestimentaire. On peut par exemple porter une veste de smoking avec un jean et des sneakers, en toute décontraction.

Généralement, ces startups sont dirigées et animées par les jeunes entrepreneurs, dont les fameux « millenials ». Cette génération ne veut pas faire comme les grands-parents pour qui la ligne compte. « L’habit ne fait pas le moine, on peut être compétent sans porter le costume », revendique Sébastien Hof, psychologue du travail à Besançon (Doubs). Ce besoin de s’habiller « léger » est renforcé par l’avènement des trottinettes et vélos électriques. Personne ne souhaite bien sûr s’encombrer avec un costume sur ces engins.

Le costume vu comme une contrainte

La mésaventure du costume trouve aussi son origine dans le besoin de s’affranchir. Aujourd’hui, les femmes ont réussi à faire accepter leur manière de s’habiller au travail. Elles ne sont plus obligées d’enfiler des costumes taillés pour les hommes. Les hommes à leur tour revendiquent cette liberté de s’habiller. « Le costume, resté figé depuis la révolution industrielle même s’il est plus ou moins épaulé, plus ou moins cintré, est vécu comme une contrainte, un non-choix. Aujourd’hui, le trench-coat, la parka ou le caban bleu marine ont pris le pas sur la veste traditionnelle », décrypte Thomas Zylberman, styliste et tendanceur au sein de l’agence Carlin Creative.

Notons en outre que « Les entreprises ont tendance à vouloir humaniser les relations comme s’il fallait gommer les différences de statuts entre les uns et les autres, qu’il n’y ait plus de frontière entre subordonnés et supérieurs hiérarchiques », constate encore Sébastien Hof.

« La mode est un éternel recommencement »

Si le costume est devenu un peu ringard ces dernières années, il faut souligner qu’il y a encore des secteurs d’activité où il continue de s’imposer comme un signe de respect et de sérieux. C’est notamment le cas chez les commerciaux qui doivent avant tout convaincre un client. Et il est difficile de convaincre dans certains vêtements comme le jeans.

Le costume résiste également dans des milieux comme l’assurance, l’immobilier, l’industrie pharmaceutique, l’hôtellerie de luxe, la finance, la banque et la politique. « Le costume, c’est l’habit qui met un peu de distance, qui permet de garder une certaine autorité et la main dans la relation avec les autres », explique Sébastien Hof. Selon lui, il a toutes les chances de ressusciter un jour, mais cette fois plutôt taillé sur mesure pour incarner le chic, l’élégance. « On le revoit dans les défilés des marques de luxe, il va revenir dans les rues. La mode est un éternel recommencement », rappelle pour sa part Patrice Naparstek, de la Fédération nationale de l’habillement.

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