Charlie Hebdo : la réédition des caricatures de Mahomet divise

La Une de Charlie Hebdo

 

Alors que le procès des attentats de Charlie Hebdo s’ouvrait mercredi à Paris, l’hebdomadaire satirique a republié les caricatures de Mahomet de 2015. Emmanuel Macron a défendu la « liberté de blasphémer », tandis que le monde arabe a crié à la provocation.

Le procès des attentats djihadistes contre Charlie Hebdo en 2015 s’est ouvert mercredi à Paris. Pour marquer l’ouverture de cet évènement, l’hebdomadaire satirique a remis en Une les caricatures du prophète Mahomet, qui avaient fait de lui une cible des terroristes. Les responsables du journal ont insisté sur la nécessité de ne pas laisser la violence dicter leur conduite. «

Au fond, l’esprit de Charlie, c’est ça, c’est refuser de renoncer à nos libertés », a déclaré l’avocat de la publication, Me Richard Malka. Alors en déplacement à Beyrouth (Liban), Emmanuel Macron a défendu « une liberté de blasphémer qui est attachée à la liberté de conscience ». Il a ajouté que des caricatures ne pouvaient être associées à un « discours de haine ».

« La liberté de critiquer les systèmes de pensée est absolue »

L’organisation Reporters sans frontières a également salué ce geste comme une marque de « bravoure ». Dans le même élan, elle décrit le procès comme une lutte « contre la forme la plus extrême de censure ». Selon son secrétaire général Christophe Deloire, « Si des restrictions à la liberté d’expression sont admissibles pour protéger les personnes, la liberté de critiquer les systèmes de pensée est absolue ».

Sami Aoun, spécialiste du Moyen-Orient rattaché à l’université de Sherbrooke, a jugé pour sa part que la décision de Charlie Hebdo envoyait un message fort aux terroristes : la  « résilience » de la démocratie française et son attachement à la liberté d’expression. « Charlie Hebdo dit aux djihadistes : “Voyez, on continue de s’exprimer comme on l’entend malgré le carnage” », a indiqué mercredi l’analyste.

Une manifestation anti-française au Pakistan

En revanche, dans le monde arabe, cette réédition des caricatures de Mahomet a suscité l’ire des fidèles. À Muzaffarabad (Pakistan), une centaine de personnes ont organisé jeudi une manifestation, au cours de laquelle ils ont piétiné, puis brûlé un drapeau français. Les protestataires ont aussi scandé des slogans tels que « Cessez d’aboyer, chiens français » et « Stop Charlie Hebdo ».

La veille déjà, plusieurs pays musulmans avaient décrié la décision de l’hebdomadaire satirique français de répéter le geste. Pour eux, il ne s’agit pas de liberté d’expression, mais de provocation. Ils rappellent d’ailleurs que la représentation de Mahomet reste strictement interdite par l’islam traditionnel. Aussi, le simple fait de ridiculiser ou insulter le prophète est passible de la peine de mort dans certains pays musulmans, dont le Pakistan.

La réédition des caricatures, un « acte criminel » 

Le ministre pakistanais des affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, qui estime que « les caricatures publiées ont heurté les sentiments de millions de musulmans », espère « la traduction devant un tribunal » des « responsables de cet acte méprisable ». De son côté, la Turquie a critiqué le président Emmanuel Macron pour avoir défendu mardi « la liberté de blasphémer ». Selon Ankara, il est « inadmissible » de justifier la publication des caricatures controversées au nom de la liberté d’expression. Enfin, l’Observatoire pour le combat contre l’extrémisme d’Al-Azhar considère que « L’insistance sur l’acte criminel de republier ces caricatures offensantes renforce le discours de haine et attise l’émotion des croyants ».

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