C’est un feuilleton à multiples rebondissements. Fin juillet, Arnaud Lagardère (Hachette, Paris Match, Le Journal du dimanche, Europe 1, Relay) annonce une perte opérationnelle de 218 millions d’euros de son groupe au premier semestre 2020. Le 11 août, Vincent Bolloré (Vivendi) s’allie avec Amber Capital pour exiger la tenue d’une Assemble générale. Le 17 août, le fils de Jean-Christophe Lagardère est renouvelé à la tête du groupe pour quatre ans. Le soutien de Bernard Arnault pourra-t-il en partie solder ses dettes ?
Les épisodes se succèdent et ne ressemblent pas. On apprenait récemment que Vivendi (23,5%) et Amber Capital (20%) voulaient siéger au conseil de surveillance de l’entreprise en perdition, dont ils sont les principaux actionnaires. Le groupe de Vincent Bolloré et le fonds d’investissement britannique de Joseph Oughourlian ont en effet fait alliance (après s’être battus l’un contre l’autre), contre Lagardère, pour convoquer une Assemblée générale. Le pacte prévoit «un droit de première offre et un droit de préemption réciproques» pendant cinq ans. Puis coup de théâtre : Arnaud Lagardère annonce qu’il se fait prolonger par son conseil de surveillance pour un mandat de quatre ans et « coupe l’herbe sous le pied de Vivendi et d’Amber Capital ».
La situation s’était particulièrement crispée au printemps, à l’occasion de la crise du Covid-19 – entraînant fermetures des librairies et des boutiques d’aéroports et de gares – et avait mis en difficulté le fils de Jean-Luc Lagardère. En avril, Vivendi arrivait au capital de Lagardère avec l’objectif – affiché – de le soutenir. Jusqu’à son récent volte-face et son pacte de solidarité avec Amber Capital, un fonds d’investissement bien connu des milieux d’affaires et arrivé au capital de Lagardère en 2016. Mais c’était sans compter sur l’aide de Bernard Arnault, un ami de longue date.
Bernard Arnault et Nicolas Sarkozy à la rescousse
Parallèlement, Arnaud Lagardère a pu compter sur d’autres personnalités de premier plan pour lui venir en aide. En février, il faisait entrer au conseil de surveillance l’ancien président du groupe SNCF Guillaume Pépy ainsi que l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. « Les médias ne sont vraiment pas gentils avec toi. Je n’aime pas les injustices et j’aime les réparer », lui aurait dit à cette occasion l’ex-chef d’Etat. Du côté des actionnaires, il a pu bénéficier du soutien indéfectible de Bernard Arnault, qui est devenu in fine le nouvel homme fort du groupe.
Le PDG du leader du luxe LVMH a pris une participation de 25% dans la société personnelle d’Arnaud Lagardère – Lagardère Capital & Management – par l’intermédiaire de sa holding, Groupe Arnault. Bernard Arnault, puis Antoine Arnault ont d’ailleurs siégé au conseil de surveillance du groupe, tout comme Arnaud Lagardère avait en son temps siégé au conseil d’administration de LVMH. « Les familles Arnault et Lagardère sont convenues de se rapprocher (…). À l’issue d’une augmentation de capital et de l’achat de titres, Groupe Arnault détiendra une participation d’environ un quart du capital ». Bernard Arnault aurait promis à Jean-Luc Lagardère de veiller sur son fils Arnaud peu avant sa mort…
Arnaud Lagardère se maintient à la tête du groupe
A la mort de ce dernier en 2003, Arnaud Lagardère hérite d’un empire familial affaibli par les querelles internes. Par ailleurs, le groupe possède un statut particulier, celui de société en commandite par actions, qui rend Arnaud Lagardère responsable des dettes de l’entreprise sur ses biens propres, en contrepartie du contrôle du groupe à hauteur de 7, 3% du capital. Un statut aujourd’hui contesté.
Amber Capital souhaite depuis son entrée dans le groupe transformer Lagardère en société anonyme et renouveler intégralement la direction. Néanmoins, grâce à ses soutiens, Arnaud Lagardère parvient à se maintenir à la présidence du groupe pour encore quatre ans, malgré les incessantes offensives à son égard, notamment depuis un premier semestre 2020 catastrophique.
Affaire à suivre…
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