Glyphosate : un crédit d’impôt en échange de son abandon

Un argiiculteur sur son tracteur dans son exploitation à Lincoln, Etats Unis.

 

Le Sénat a adopté samedi un amendement au projet de loi de finances 2021 pour la création d’un crédit d’impôt de 2 500 euros afin d’inciter les agriculteurs à sortir du glyphosate avant 2023. De son côté, le gouvernement a annoncé un fonds supplémentaire 80 millions d’euros pour la prime à la conversion des agroéquipements.

 « Soutenir économiquement les filières les plus impactées »

Dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2021, samedi 5 décembre, le Sénat a adopté un amendement portant création d’un crédit d’impôt de 2 500 euros afin d’encourager les agriculteurs à renoncer aux produits phytosanitaires à base de glyphosate avant 2023. La chambre haute a précisé que c dispositif, prévu pour se déployer de manière temporaire dans les deux prochaines années, ne sera pas cumulable avec les crédits d’impôt agriculture biologique et haute valeur environnementale (HVE). Elle explique que ce mécanisme vise à soutenir les filières les plus impactées économiquement en raison de leur importante consommation de glyphosate. Il s’agit notamment des cultures pérennes, telles que la viticulture, et des grandes cultures.

Une sortie du glyphosate qui coûte chère pour l’agriculteur

Aussi, le Ministère de l’agriculture a décidé d’augmenter le budget de la prime à la conversion des agroéquipements de 80 millions d’euros, pour atteindre 215 millions d’euros. Objectif : compenser les pertes brutes d’exploitation dues à cette sortie du glyphosate. Ces pertes s’élèvent à 16 % en grandes cultures et à 7 % en viticulture; ce qui répresente un surcoût moyen de 250 euros par hectare, a estimé le gouvernement. « Aujourd’hui, un agriculteur qui investit pour sortir du glyphosate ne bénéficie pas de création de valeur immédiate : le prix de vente de production reste inchangé, sauf s’il se convertit au bio », justifie le ministère de tutelle.

Ces annonces sont intervenues au lendemain d’un aveu d’Emmanuel Macron. En effet, le président français a reconnu vendredi qu’il n’a pas réussi à faire sortir l’agriculture française du glyphosate en trois ans comme il l’avait promis en novembre 2017, quelques mois après son élection. Il pointe du doigt le manque d’unité politique en Europe sur le sujet. Cependant, le chef de l’Etat espère obtenir des avancées au cours de la présidence française de l’Union européenne au premier semestre 2022. Et le 15 décembre de cette même année, la Commission décidera définitivement du sort du glyphosate.

Des ONG interpellent Macron sur ses promesses 

En France, la confession d’Emmanuel Macron agace les organisations de défense de l’environnement, dont Générations Futures. Cette organisation a lancé une pétition dans laquelle elle invite le chef de l’Etat à respecter ses engagements. Par ailleurs, elle a annoncé une action en justice contre l’Anses qui a délivré cinq premières nouvelles autorisations de mise sur le marché (AMM) de désherbants à base de glyphosate. Sa porte-parole François Veillerette dit compter à présent sur les tribunaux pour « protéger la population et les agriculteurs des dangers de cette substance qui n’a rien à faire sur le marché français et européen ».

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