Hydrogène naturel : de la nécessité de reconnaitre cette ressource en France

Le gouvernement a présenté l’année dernière un plan à 7 milliards d’euros pour booster la production de l’hydrogène vert en France. L’hydrogène naturel n’est apparemment pas concerné par cet important investissement, alors qu’il est considéré comme totalement vertueux. Une méprise d’autant incompréhensible qu’au Mali, ce gaz est exploité avec succès par la compagnie Hydroma.

Afin d’accélérer la transition énergétique, le gouvernement français a annoncé en septembre 2020 un investissement de 7 milliards d’euros pour démocratiser l’usage de l’hydrogène vert à l’horizon 2030. A ce jour, le seul moyen vertueux disponible pour générer cette ressource reste l’électrolyse de l’eau. Nettement plus onéreux, cette technique consomme beaucoup d’électricité et d’eau. Il faudrait par exemple près de 100 TWh d’électricité pour produire l’équivalent de l’hydrogène actuellement consommé en France (900 000 tonnes). Une donnée problématique à l’heure de la rationalisation des ressources. Même avec des avancées technologiques importantes et des financements conséquents, l’électrolyse seule ne suffira pas à répondre à la demande nationale.

L’hydrogène naturel toujours pas reconnu en France

Dans ce contexte, on se demande toujours pourquoi la France ne donne pas sa chance à l’hydrogène naturel, aussi appelé hydrogène natif ou hydrogène blanc. Le problème certaines voix autorisées continuent encore aujourd’hui de nier l’existence de cette ressource sous terre et dans les eaux. Parmi elles, Jean-Paul Combémorel, le rapporteur de la Ceser sur la « Feuille de route pour le développement de l’hydrogène vert en Centre-Val de Loire ». En février dernier, ce diplômé de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires de Saclay a soutenu que l’hydrogène n’existe pas à l’état libre dans la nature. Quelques esprits honnêtes ont reconnu son existence, mais en quantité insuffisante pour susciter un intérêt chez les industriels.

Le Mali montre l’exemple

Pourtant l’hydrogène naturel se trouve bel et bien sous terre en grande quantité. Les géologues français Alain Prinzhofer et Éric Derville ont prouvé l’existence d’importants réservoirs dans une dizaine de pays dont le Mali et les Etats Unis. Dans ces deux pays, l’exploitation de l’hydrogène natif a eu lieu depuis plusieurs années. Elle est particulièrement avancée au Mali où opère Hydroma, la compagnie fondée par le milliardaire Aliou Boubacar Diallo. Grâce à une unité pilote, Hydroma transforme l’hydrogène naturel en électricité propre près du village de Bourakébougou depuis 2012. Elle a même récemment annoncé une production industrielle pour approvisionner tout le Mali, l’Afrique de l’Ouest et l’Europe via un futur pipeline de 4.700 kilomètres.

De l’hydrogène blanc a été également trouvé dans le sous-sol français. On note des puits dans le fossé Rhénan, le Jura externe et dans le bassin de Paris. Il y a eu aussi des fuites dans le Cotentin, les Pyrénées et dans les fossés Rhénan et Bressan, entre autres. « Il y a de l’hydrogène naturel dans l’eau à plusieurs milliers de mètres de profondeur », ajoute Nicolas Pelissier, cofondateur et président 45-8 Energy, une entreprise française spécialisée dans l’exploration et la production éco-responsable de gaz comme l’Hélium et l’hydrogène naturel. Selon lui, il est actuellement impossible d’obtenir des chiffres fiables et précis sur le volume d’hydrogène disponible en France. Mais il estime qu’il y en suffisamment pour lancer une production industrielle comme Hydroma va bientôt le faire au Mali.

De puissants lobbys sur la route de l’hydrogène naturel ?

« Pas besoin de matériel dimensionné pour les forages pétroliers. Les puits d’extraction de l’hydrogène naturel sont assimilables à ceux pour l’eau. Leur vanne peut être dissimulée dans un simple buisson », a souligné Nicolas Pelissier. Il répond ainsi à l’argument selon lequel l’exploitation de l’hydrogène natif pose encore des problèmes techniques et financiers. On est tenté de lui donner raison en considérant qu’Aliou Diallo finance lui-même les travaux d’Hydroma depuis huit ans, et ce sans une technologie particulière. Nicolas Pelissier pense que le principal obstacle à l’exploitation de l’hydrogène natif en France reste…les firmes pétrolières et les producteurs d’électricité nucléaire. Ceux-ci ont tout intérêt à stopper l’essor de l’hydrogène naturel qui pourrait ruiner leur business. Et ils ont les lobbys pour cela.

 

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