Espionnage de smartphones : faut-il avoir peur ?

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Des milliers de personnalités dans le monde, dont Emmanuel Macron et Edouard Philippe, auraient été victimes d’espionnage par un logiciel malveillant. A quoi doivent s’attendre les citoyens lambda, de plus en plus accros à leur smartphone ? 

Fini, le temps de l’innocence, bienvenue dans l’ère de l’espionnage généralisé ? Le 19 juillet, un consortium de médias internationaux coordonné par l’équipe Forbidden Stories, avec l’aide d’Amnesty International, a révélé que le logiciel Pegasus avait été détourné par plusieurs États pour cibler des politiques, des journalistes, des avocats. Conçu par la société israélienne NSO Group, ce logiciel permet d’écouter les appels téléphoniques, mais surtout d’absorber tout le contenu du téléphone portable.

Vendu exclusivement aux États, Pegasus se présente comme un outil dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme. Mais l’enquête du consortium de médias révèle que près de 50 000 personnalités, dont des chefs d’entreprise, des journalistes, des diplomates ou encore des militants politiques ont pu être écoutées. Près de 1 000 personnes seraient concernées en France, dont Emmanuel Macron, Édouard Philippe et 14 membres du gouvernement.

L’information n’a pas été confirmée (ni infirmée) par la Présidence. « Si les faits sont avérés, ils sont très graves. Des investigations sont en cours », s’est contenté de déclarer l’Élysée. Mais quel que soit le résultat de ces investigations, la possibilité que le téléphone du président de la République ait pu être infecté amène à s’interroger sur la sécurité de nos smartphones. D’autant plus que les Français ne cessent de se (sur)équiper en appareils multimédia. Selon un récent sondage réalisé par Celside Insurance en partenariat avec l’institut YouGov, 97 % de nos compatriotes en possèdent au moins un.

Complètement « addicts »

L’enquête Celside Insurance révèle par ailleurs que 67 % des Français ont investi dans un appareil multimédia au cours des 12 derniers mois. Et à votre avis quels sont les appareils qu’ils ont le plus achetés ? Le smartphone, bien sûr (33 %), mais aussi l’ordinateur portable (19 %), les accessoires (casque, écouteurs, montre connectée… 19 %), la télévision (18 %), la tablette (11 %) et la console de jeux vidéo (9 %).

De l’avis de Celside Insurance, spécialiste de l’assurance multirisques (casse, oxydation, vol, perte) pour les smartphones, les appareils multimédia et les objets connectés, « la crise sanitaire, les échanges en distanciel et la pratique généralisée du télétravail ont réaffirmé notre dépendance aux nouvelles technologies pour garder le contact, se divertir et gérer sa vie… à distance ». Résultat, 65 % des personnes sondées sont d’avis que la crise sanitaire a renforcé leur attachement à leurs objets multimédia. Pas moins de 79 % des Français qualifient leur smartphone d’« indispensable », et 41 % de ceux qui possèdent un smartphone se considèrent comme complètement « addicts » à leur téléphone.

Logiquement, les Français y investissent de plus en plus. Près de la moitié (47 %) d’entre eux estiment posséder un parc multimédia valant entre 1 000 et 2 499 euros. Ils sont même 16 % à l’estimer à plus de 2 500 euros.

Un avis sans appel

Certes, la majorité des Français ne disposent pas des moyens de sécurité de l’Élysée. Mais ils peuvent tout de même compter sur Mobile Verification Toolkit (MVT), un outil développé par Amnesty International permettant de chercher les traces de Pegasus sur son smartphone. Si la prise en main de MVT requiert certaines connaissances en informatique, une alternative disposant d’une interface plus simple pourrait voir le jour prochainement, Amnesty International ayant mis sa boîte à outils en open source.

Quoi qu’il en soit, l’avis des experts est sans appel : même si les attaques comme celle menée par Pegasus ne concernent en général que quelques « personnalités », il faudra sécuriser son téléphone. En matière de sécurité, « Apple et Google font plutôt du bon travail, à la hauteur de ce qu’ils sont capables de faire. Mais il y aura malheureusement toujours des failles de sécurité. C’est inhérent au fonctionnement des logiciels et de leurs mises à jour », estime Bastien Bobe, directeur technique chez Lookout.

« Il faut sécuriser son smartphone de la même façon que son ordinateur. La sécurité de base du système d’exploitation ne suffit pas. Il faut y ajouter un vrai système de sécurité et, d’une façon générale, adopter de bons réflexes d’hygiène informatique », ajoute celui qui conseille l’utilisation systématique des dernières versions des applications mobiles ainsi que des systèmes de connexion privé (VPN) pour mobile et de reconnaissance de liens malveillants.

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