Que la banque devienne un service public gratuit, ce vœu pieux des Français

Un banquier et son client
Ph: Unplash

 

Alors que la banque est une activité commerciale comme toute entreprise du secteur privé, une large majorité de Français aimeraient qu’elle devienne un service public gratuit. C’est ce qui ressort d’un sondage effectué par l’institut YouGov et le média spécialisé Money Vox. Ce souhait de nos compatriotes repose sur un vieux souvenir : entre 1945 et 1990, les principales banques françaises étaient des entreprises publiques.

« Pensez-vous que la banque devrait être un service public gratuit, comme l’école ou la santé ? ». Telle est la question posée par l’institut Yougov à 1 068 Français de 18 ans et plus dans le cadre d’un sondage mené en juin. Cette enquête a été commandée par le média financier Money Vox pour son dossier spécial sur le désamour entre les banquiers et leurs clients. Selon les résultats publiés en août, une large majorité (68%) de nos compatriotes désirent que la banque devienne un service public gratuit.

Une nationalisation des banques après 1945

Un vœu d’autant pieux qu’il s’agit d’une activité commerciale, à l’instar de toutes les entreprises du secteur privé. C’est un peu comme si on demandait à une enseigne de la grande distribution de devenir un service public gratuit. Ce qui est impensable puisqu’elle a été créée pour faire des profits. Mais, le souhait des Français n’est pas aussi incongru que cela. Il repose sur le souvenir d’une certaine époque pendant laquelle les principales banques françaises étaient des sociétés publiques.

En effet, après la Seconde Guerre mondiale, l’État avait nationalisé les grandes banques de dépôts (Paribas, Crédit commercial de France, Société générale) pour participer à la reconstruction de l’économie. Ce n’est qu’en 1987, avec le gouvernement de Jacques Chirac, qu’elles repassent dans le privé. Dans les années qui suivent, d’autres établissements retrouveront aussi leur statut comme BNP, Crédit Lyonnais et CIC.

Un imaginaire collectif qui persiste

Ainsi, pendant près d’un demi-siècle, les Français ont profité de cette gratuité. Ce qui a contribué à une bancarisation massive de la population, passant de seulement 18% en 1966 à 86% dix ans plus tard. Presque tout le monde disposait alors d’un compte et pouvait l’entretien sans efforts financiers. Aujourd’hui, bien que les banques soient redevenues privées, cet imaginaire persiste. Si cette perception résiste au temps, c’est aussi parce que certains facteurs y contribuent. Les banques restent encore dépositaires de missions d’intérêt général. Il y a par exemple l’ouverture d’un compte pour recevoir son salaire et l’existence de réseaux d’agences et de guichets automatiques (GAB).

Par ailleurs, l’Etat continue de réguler le secteur bancaire, intervenant de temps en temps au profit des utilisateurs. Il contraint, notamment, les établissements à corriger certains excès tels que les tarifs trop élevés. Le gouvernement a également obtenu le droit pour quiconque d’ouvrir un compte même s’il ne remplit pas tous les critères des banques. Cette extrême démocratisation de l’institution rappelle le fonctionnement des services publics.

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