Nord Stream 2 : le gazoduc entièrement achevé

Le géant russe Gazprom a remporté son pari.

 

Le géant russe Gazprom a annoncé vendredi l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne. Ce chantier stratégique a été longtemps retardé par des tensions géopolitiques avec les Etats Unis et certains pays d’Europe. Les uns craignent de perdre leur influence dans la région et de ne pas pouvoir vendre leur gaz de schiste. Les autres rédoutent une dépendance énergétique du continent à l’égard du voisin russe.

Doubler les livraisons de gaz russe vers l’Allemagne

Au cours d’une réunion opérationnelle à Gazprom, ce vendredi 10 septembre 2021, le directeur général du groupe Alexeï Miller a annoncé que la construction du gazoduc Nord Stream 2 est entièrement achevée. En début de semaine, l’entreprise russe avait procédé à la soudure de la dernière section du chantier. Mais, elle a indiqué qu’il reste à joindre les deux longs tronçons du tuyau pour achever la liaison sous-marine de la Baltique. Commencé en avril 2018, le chantier Nord Stream 2 complète le Nord Stream 1, dont les travaux ont démarré fin 2005 pour une mise en service en 2012. Il est destiné à doubler les livraisons de gaz russe vers l’Allemagne, son principal promoteur. Le tube parcourt 1.230 kilomètres sous la mer Baltique. Il a une capacité de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. Soit suffisamment pour alimenter 26 millions de foyers.

Une mise en service d’ici la fin d’année

Le gazoduc Nord Stream 2 a été financé à hauteur de 11 milliards de dollars, à moitié par Gazprom et l’autre moitié par cinq autres groupes européens du secteur de l’énergie (Engie, Royal Dutch Shell, Uniper, Wintershall-Dea et OMV). Sa mise en service est attendue d’ici la fin de l’année. Comme déjà souligné, il reste à effectuer des soudures terrestres pour joindre la section de la canalisation reliant les côtes allemande et danoise. Il faudra ensuite obtenir une certification pour son utilisation effective. Cette certification devrait prendre jusqu’à quatre mois.

Bloqué par Trump, relancé par Joe Biden

Avec ce projet, le géant russe Gazprom aura la capacité de répondre à la demande croissante de gaz en Europe, estimée à 120 milliards de mètres cubes supplémentaires en 2035. Bien que stratégique, le gazoduc Nord Stream 2 a été longtemps retardé par de fortes tensions géopolitiques. Il a même dû être interrompu en décembre 2019 à cause de l’opposition et des sanctions de l’administration Trump. Il ne restait alors qu’à poser 150 kilomètres de tube. Heureusement, le chantier a repris après l’élection de Joe Biden. Le nouveau président américin a renoncé à le bloquer, préférant préserver l’alliance avec l’Allemagne.

Une arme géopolitique dangereuse ?

Pour ses détracteurs, le tube va accroître durablement la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de la Russie, grand rival de certains pays occidentaux (Pologne en tête) et des Etats Unis. Ces derniers souhaitent maintenir leur hégémonie dans la région, mais aussi vendre aux Européens leur gaz de schiste. Cependant, le principal perdant devrait être l’Ukraine. Le petit voisin de la Russie a vu le projet contourner son territoire. Il ne profitera donc pas du milliard d’euros par an de frais de transit et ne pourra pas user d’un levier d’influence important. Toutefois, le pays craignait que le gazoduc le rende plus vulnérable vis-à-vis de Moscou.

D’ailleurs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky considère le Nord Stream 2 comme une « arme géopolitique dangereuse ». Mais Angela Merkel et Vladimir Poutine assurent que le projet de Nord Stream est purement commercial, non politique. Critiquée sur ce dossier par ses concitoyens, la chancelière allemande a aussi indiqué que le tube aidera son pays à accomplir sa transition énergétique.

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