Alors que des candidats à l’élection présidentielle se braquent contre l’immigration, une étude du Conseil d’Analyse Économique (CAE) estime que ce flux d’étrangers pourrait avoir un effet bénéfique sur les finances publiques. Mais seulement si ces arrivants sont qualifiés et diversifiés comme c’est le cas au Canada.
Un fonds de commerce pour les partis d’extrême
L’immigration sera incontestablement l’un des thèmes clés de la prochaine campagne présidentielle. Des candidats comme Eric Zemmour et Marine Le Pen en ont fait un axe fort de leur programme. A tort ou à raison, ils le lient à l’insécurité et à l’islam, religion qu’ils ne portent particulièrement pas en cœur. Dans leur viseur, évidemment, les Africains et les Arabes. Zemmour et Le Pen disent vouloir défendre « les Français » contre ces gens « indésirables », à l’origine du chaos en France. Ils pensent ainsi à initier un référendum pour stopper net ce « fléau». Le polémiste souhaite même supprimer plusieurs droits, dont le droit d’asile et le regroupement familial. Quant à la présidente du RN, elle envisage de renvoyer les étudiants étrangers dans leur pays d’origine après leurs études.
Ne pas voir que les aspects identitaires et sécuritaires
Si Zemmour et Le Pen souhaite expulser les immigrés, une étude du Conseil d’Analyse Économique (CAE) sur l’aspect économique de l’immigration recommande plutôt à la France de repenser sa politique en la matière. D’après leur rapport publié mardi, ce flux de personnes peut être bénéfique aux finances publiques en France. Comment ? En optant pour une immigration choisie, c’est-à-dire qualifiée et diversifiée dans ses origines. Les économistes à l’origine de l’étude estime ainsi qu’il ne faut pas voir ce phénomène que sous le prisme des aspects identitaires et sécuritaires. Mais aussi se projeter sur les enjeux économiques, que les politiques ne discutent presque jamais.
Une grande partie vient d’Afrique
Le CAE note qu’en France, les nouveaux arrivés représentaient 0,41% de la population en 2019. Soit deux fois moins que la moyenne des pays de l’OCDE (comme le Royaume-Uni et l’Allemagne). Cette immigration peu qualifiée venait à 70% d’Afrique, où la pauvreté et les conflits armés poussent les populations à prendre la Méditerranée au péril de leur vie. Aussi, cette immigration est largement familiale. En effet, sur la période 2007-2016, 43,7 % des nouveaux étrangers étaient en France au titre familial, tandis que 31 % demandaient à poursuivre leurs études. Seulement 10 % sont venus à titre humanitaire et 9 % pour le travail.
Suivre l’exemple des Etats Unis et du Canada
Pour rendre cette immigration bénéfique, le CAE invite le gouvernement à changer de politique migratoire. Il suggère de miser sur l’immigration qualifiée qui a des effets positifs sur l’économie à long terme. L’organisme prend en exemple les Etats Unis où 36 % des entreprises compte au moins un immigré parmi leurs fondateurs. Le CAE appelle également le gouvernement à actualiser régulièrement la liste des métiers en tension pour mieux choisir les profils. En outre, pour ce qui concerne l’obtention du visa, l’organisme propose de mettre en place un système à points. Ce dispositif pondère les études, l’expérience et les compétences linguistiques. Il a déjà fait ses preuves au Canada. Enfin, le CAE incite les pouvoirs publics à faciliter la transition entre études et emploi.
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