Emmanuel Macron a affirmé dans Le Parisien, le mardi 4 janvier, qu’il avait bien envie d’« emmerder les non-vaccinés jusqu’au bout ». Ces propos ont déclenché un vif débat en France et provoqué un certain malaise. Mais qu’en pensent les médecins, en première ligne contre le Covid ? Selon une enquête flash du site Le Quotidien du Médecin, 59% des praticiens adhèrent à la déclaration du chef de l’Etat, du moins sur le fond.
Des propos choquants pour la majorité des Français
Emmanuel Macron a provoqué une tempête médiatique le mardi 4 janvier dernier au cours d’un entretien avec les lecteurs du Parisien. A la remarque d’une lectrice sur les reports de soins pour certains malades (comme ceux atteints de cancer, à cause de la forte proportion des non vaccinés en réanimations (85%), le président de la République a répondu : « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie ». Cette déclaration a secoué la classe politique et plus largement l’opinion publique. Selon un baromètre OpinionWay – Kéa Partners réalisé pour « Les Echos » et Radio classique, 57% des Français la trouvent même choquante.
59% des praticiens comprennent Macron
Mais qu’en pensent les médecins qui se trouvent sur le terrain ? Adhèrent-ils aux propos d’Emmanuel Macron? Pour avoir leur avis, Le Quotidien du Médecin a mené une enquête flash du 10 au 16 janvier 2022 sur un échantillon de 626 participants. Selon ce sondage, 59% des praticiens pensent tout bas ce que le président a dit tout haut. Seulement 39% rejettent cette déclaration et 2% n’ont pas d’avis à ce sujet. On peut donc dire que la plupart des médecins comprennent ce dérapage du chef de l’Etat car confrontés à une réalité qui exaspère. En effet, avec le variant Delta, la majorité des patients sont des non-vaccinés. À proportion égale, ils sont 9 fois plus nombreux en soins intensifs que les vaccinés.
Le serment d’Hippocrate n’empêche pas l’exaspération
Ces « anti-vax » occuperait ainsi inutilement la place des patients vaccinés ayant d’autres problèmes de santé. Une situation qui exacerbérait certains praticiens comme Eric Caumes. Interrogé sur BFMTV, l’infectiologue a dit comprendre l’agacement de Macron. « Il y a le serment d’Hippocrate qui fait qu’on est obligé de prendre en charge tous les malades. Après, vous dire que ça ne nous exaspère pas ce serait vous mentir », a-t-il lâché. Il va même jusqu’à dire que ces anti-vax sont des « personnes qui bloquent le système de santé », a-t-il déploré. Le médecin Yonathan Freund abonde dans ce sens. « Moi aussi j’ai envie de les emmerder jusqu’au bout. Mais comme médecin je soigne tout le monde pareil. Mais quand même… », a écrit sur Twitter l’urgentiste à la Pitié-Salpêtrière.
L’hôpital était déjà en crise
Pour d’autres professionnels, Emmanuel Macron s’y est pris de la mauvaise manière même s’il a parfaitement raison. C’est ce que pense Bruno Mégarbane de l’Hôpital Lariboisière qui estime que « ce n’est pas la meilleure manière de faire ». Selon lui le locataire actuel de l’Elysée n’aurait pas dû utiliser une telle formulation, car elle peut passer pour une provocation et une stigmatisation. Lui aurait misé sur la pédagogie pour convaincre les plus sceptiques. Il l’aurait fait d’autant qu’ il y a des gens qui se braquent contre le vaccin parce qu’ils n’ont pas accès aux informations adéquates.
Certaines personnes croient notamment que le vaccin à ARN Messager modifie notre génome. Une autre partie des médecins invitent plutôt l’Etat à prendre ses responsabilités et à ne pas faire porter le chapeau aux non-vaccinés. Depuis quelques années, l’hôpital serait très malade et ce serait la faute aux politiques. Ces derniers ont déjà supprimé 100.000 lits d’hospitalisation pour ne laisser que 5.000 lits de réanimation.
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