Dans une lettre publiée par Les Echos mardi, plusieurs associations alertent le gouverneur de la Banque de France sur la solvabilité des ménages face à la hausse des prix de l’énergie. Elles s’inquiètent aussi de la capacité de remboursement des prêts par les entreprises.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement prépare les Français à vivre un hiver très rude à cause notamment de la hausse des prix de l’énergie. Pour limiter les conséquences de cette crise prochaine, il a mis en place une série de mesures exceptionnelles. Parmi lesquelles, l’attribution d’un chèque énergie de 100 à 200 euros à 12 millions de Français, d’ici à la fin de l’année. Cette aide permet de payer une partie des factures d’électricité, de gaz ou encore de fioul. Elle pourra aussi servir à la réalisation de travaux de rénovation énergétique.
Vers une crise de stabilité financière avec des défauts de paiement
Malgré ces efforts, une bonne partie des Français (45%) devraient éprouver des difficultés à payer ses factures, d’après un récent sondage du Secours populaire et Ipsos. La crise énergétique risque ainsi de provoquer une vague de faillites personnelles. Face à cette sombre perspective, plusieurs associations ont adressé une lettre au gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, le mardi 27 septembre. Objectif : tirer la sonnette d’alarme sur la possible dégradation de la solvabilité des ménages, menacée par la hausse continue des prix de l’énergie. Parmi les organisations auteures du texte figurent la Fondation Abbé Pierre, Positive Money Europe et négaWatt.
Dans leur lettre, les associations expliquent qu’avec la hausse des prix de l’énergie, « les ménages sont confrontés à des contraintes budgétaires qui peuvent affecter leur capacité à rembourser les prêts et crédits immobiliers contractés. Cette situation pourrait entraîner des retards, voire des défauts de paiement. De l’autre côté, le secteur bancaire s’exposerait à une crise de stabilité financière en cas d’ampleur systémique de cette incapacité à solder. Les organisations demandent donc au régulateur de mettre en place des mesures urgentes. Cela d’autant plus que les inscriptions au FICP (fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers) ont bondi en août de 26 % sur un an.
Des prêts à taux zéro pour la rénovation énergétique
La Banque de France est d’abord invitée à accorder aux établissements bancaires l’accès à des informations ciblées telles que les DPE (diagnostics de performance énergétique). Ensuite, elle devrait leur permettre d’intégrer dans leurs règles prudentielles la solvabilisation des ménages comme le prévoient les prêts destinés à améliorer l’efficacité énergétique des logements. Cette mesure vise à engager davantage le secteur bancaire dans la rénovation énergétique, qui représente souvent un coût très important pour les particuliers.
Les prêts à taux zéro seraient particulièrement les bienvenus. Ils permettraient de réaliser de belles économies après travaux, contribuant ainsi à préserver la solvabilité des ménages. Outre les particuliers, les signataires de la lettre s’inquiètent pour la capacité des entreprises à rembourser leur prêt garanti par l’État (PGE). Les acteurs économiques font non seulement face à la crise énergétique, mais également affrontent la hausse des coûts de production et une pénurie des ressources humaines. Déjà, leurs défaillances ont bondi à 26,5 % en août sur un an.
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