La Petite Sirène : Halle Bailey en question…pour rien

Halle Bailey en petite sirène.
© Disney

 

Depuis la publication par Disney de la bande annonce du remake live-action de La Petite Sirène, l’actrice afro-américaine Halle Bailey subit une vague de haine. Certaines personnes trouvent qu’elle ne devrait pas jouer le rôle d’Ariel, une créature blanche à l’origine. Mais un autre groupe de gens, plus nombreux, voit dans cette représentation l’expression de l’inclusivité dans le cinéma.

Depuis la diffusion, samedi 10 septembre, de la bande-annonce de La Petite Sirène par Disney, Halle Bailey est la cible d’une vague de messages haineux sur les réseaux sociaux. Certains internautes ont mis en cause sa couleur de peau jugée trop sombre pour jouer le rôle d’Ariel, la petite sirène blanche. Sur Twitter, un internaute a même jugé bon de blanchir sa peau et de modifier ses traits dans la bande-annonce, grâce à une intelligence artificielle. Le compte de cette personne a été suspendu peu après.

Le wokisme dans le viseur des détracteurs de Halle Bailey

Peu après un hashtag #notmyariel (#pasnotreariel) a très vite fait son apparition. Les commentaires, tous aussi racistes les uns que les autres, ont dénoncé le fait que Disney ait remplacé leur Ariel à la chevelure rousse et aux yeux bleus par une jeune fille métisse ou noire. La compagnie californienne aurait dénaturé l’œuvre originale (un dessin animé) sortie en 1989 et détruit l’héritage de leur enfance. Pis, elle se prêterait au Wokisme, qui se résumerait à la théorie du « grand remplacement » et du « blackwashing ».

Des vidéos virales de petites filles noires heureuses

A l’inverse de ces réactionnaires, issus pour la plupart de l’extrême droite et des milieux conservateurs, beaucoup plus d’internautes ont salué l’initiative de Disney. Pour ceux-ci, le choix de Halle Bailey pour jouer le personnage d’Ariel permettrait à toutes les petites noires de s’identifier enfin à une héroïne du cinéma. Certains parents ont d’ailleurs publié sur TikTok des vidéos, accompagnées des hashtags ­#representationmatters ou #blackgirls ou on voit le visage de fillettes noires s’illuminer devant la bande annonce de La Petite Sirène. « Elle est noire, oh mon Dieu », « Elle me ressemble » « Elle a des tresses comme moi », peut-on notamment entendre.

Une identification fondamentale et fondatrice

Le film pourrait avoir des effets positifs sur ces gamines. Il pourrait leur permettre enfin d’assumer fièrement leur personne en se débarrassant d’un complexe d’infériorité face à leurs amies blanches. Cela change aussi beaucoup de choses pour les enfants blancs, habitués à voir le type occidental érigé en modèle absolu. Certains observateurs espèrent aussi que cette prise de conscience s’étendra aux adultes, qui font parfois preuve d’une grande hypocrisie. En effet, l’attribution de rôles (nobles) historiquement joués par des personnes blanches à des acteurs non-blancs a toujours soulevé une vague de racisme. Tandis qu’un Jésus occidentalisé dans les films d’évangélisation n’a quasiment jamais suscité d’indignation.

Il existe des Mami Wata en Afrique et dans les Antilles

Par ailleurs, des experts rejettent la blancheur intrinsèque de la petite sirène Ariel. Dans l’histoire écrite par Hans Christian Andersen en 1837 (dont s’est inspirée Disney), notent-ils, il n’est nulle part mention que la petite sirène a une telle couleur de peau. D’ailleurs, l’auteur danois a sans doute pris à son compte un récit rapporté par des marins des Dansk Vestindien, des îles alors colonisés par le Danemark dans les Antilles. Les populations de ces contrées possèdent de nombreux contes et mythes qui décrivent des sirènes noires, vraisemblablement des lamantins pris comme telles. Aujourd’hui encore, on parle de créatures comme Mami Wata jusqu’en Afrique.

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