Grève dans les raffineries : vers un « Gilets jaunes 2 » ?

Des pompes dans une station service.
Image par David ROUMANET de Pixabay

 

Depuis fin septembre, la France fait face à une grève dans les raffineries de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil, principaux fournisseurs d’énergies sur le territoire national. Reconduite à une très large majorité jeudi matin, ce mouvement social pourrait s’étendre à l’ensemble du secteur de l’énergie et à d’autres branches professionnelles.

Depuis le 27 septembre, les raffineries françaises sont confrontées à une importante grève, lancée par la confédération générale du travail (CGT). Jeudi à 17 heures, près de 30% des stations-services étaient à sec dans toute la France. Certaines régions sont plus touchées que d’autres. C’est le cas des Hauts-de-France, de l’Île-de-France et du Centre-Val-de-Loire, où plus de 40% des stations-service manquaient d’au moins un carburant.

Un avertissement contre la hausse illégale des prix du carburant

Cette grève provoque une hausse des prix du carburant à la pompe, de près de trois euros le litre. La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a estimé que ces augmentations n’ont aucun fondement, malgré le blocage des raffineries. Elle a appelé les distributeurs à ne pas « profiter » de cette pénurie pour augmenter leurs marges. Une attitude qui accentuerait les effets de l’inflation.

Pour éviter ces hausses injustifiées, le gouvernement va mettre en place de plus amples contrôles de la DGCCRF. Mais, pour faire face à l’urgence, il autorise les camions-citernes à rouler exceptionnellement ce week-end. L’Etat s’engage également à simplifier ses aides pour compenser une partie des factures d’énergie des entreprises, tout en espérant un retour rapide à la normale. Il a en outre prévu des réquisitions, auxquelles s’opposent vigoureusement les grévistes.

Une augmentation des salaires de 10 % réclamée par la CGT

Malgré ces tentatives et la suspension du mouvement chez Esso-ExxonMobil, la situation ne devrait pas s’améliorer les prochains jours. En effet, la grève dans les raffineries de TotalEnergies a été reconduite à une très large majorité jeudi matin après l’échec des discussions avec la direction. Résolue à aller jusqu’au bout, la CGT réclame une augmentation des salaires de 10%, ainsi qu’une prime de 3.000 à 6.000 euros. Elle revendique aussi un investissement matériel et technique sur les sites. Ces efforts financiers seraient à la porter du groupe pétrolier et gazier, qui réalise de superprofits.

A l’aube d’un mouvement social d’ampleur?

Alors que la tension monte d’un cran, la CGT, FO, Solidaires et la FSU appellent à une journée de grève interprofessionnelle le mardi 18 octobre prochain. Plusieurs organisations de jeunesse ont exprimé leur désir de rejoindre la mobilisation. Fer de lance du mouvement social, la CGT a par ailleurs souhaité un élargissement de la grève à tout le secteur de l’énergie. Un souhait qui fait craindre une possible contagion à d’autres branches interprofessionnelles.

On pense notamment aux agents de la SNCF, de la RATP et des centrales nucléaires. Mais également aux dockers, agents portuaires, cheminots ou encore au secteur automobile. Face à cette perspective, le député LFI Manuel Bompard estime que la France est « à l’aube d’un mouvement social d’ampleur ». Il évoque « des revendications légitimes qui s’expriment de manière sourde dans le pays depuis plusieurs ». On se dirigerait ainsi vers une bourrasque du type Gilets jaunes.

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