L’ONU a adopté lundi le premier traité international pour protéger la haute mer. Issu de plus de quinze ans de discussions, ce texte vise à protéger au moins 30% des océans d’ici à 2030 et rend obligatoire l’étude de l’impact des activités humaines.
Les 193 États membres de l’ONU ont adopté, le lundi 19 juin, un accord historique pour protéger la haute mer. Pour rappel, la haute mer désigne les zones maritimes qui ne sont sous l’autorité d’aucun pays. Elle commence où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des États. Couvrant un peu plus de la moitié de la surface planétaire et 64 % des océans, cette masse d’eau fournit la moitié de l’oxygène que nous respirons. Aussi, limite-t-elle le réchauffement en absorbant une partie importante du CO2 émis par nos activités.
Le résultat de plus de 15 années de discussions
Pourtant, la haute mer a longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques. Aujourd’hui, heureusement, son sort évolue positivement. En effet, le changement climatique, les pollutions et la surpêche ont démontré la nécessité de protéger cet écosystème. Cette prise de conscience avait déjà eu lieu au début du millénaire. Mais il a fallu attendre plus de 15 années de discussions, dont quatre années de négociations formelles, pour parvenir à un consensus en mars dernier.
Protection d’au moins 30% des océans d’ici à 2030
Il y a trois mois, les Etats membres avaient gelé le texte sur le fond puis l’avait passé au crible des services juridiques et traduit pour être disponible dans les six langues officielles de l’ONU. Objectif : baliser les derniers obstacles et le rendre plus compréhensible. Désormais, toutes les parties s’accordent sur l’essentiel. Elles ont convenu de protéger au moins 30% des océans d’ici à 2030. Aujourd’hui, seulement 1 % de la haute mer fait l’objet de mesures de conservation. Pour atteindre cet objectif, les Etats devront notamment conserver et gérer durablement les habitats et les espèces vitaux.
Le principe du pollueur-payeur validé
Le nouveau traité introduit aussi l’obligation de réaliser des études d’impact sur l’environnement des activités envisagées en haute mer. Par exemple la pêche, le transport, l’exploitation minière sous-marine et la géo-ingénierie destinée à limiter le réchauffement climatique. En outre, il contient des dispositions fondées sur le principe du pollueur-payeur. Et surtout promeut le partage des bénéfices des ressources marines génétiques collectées en haute mer. Les pays en développement ont dû batailler ferme pour obtenir cette disposition. Ils n’ont pas les moyens de financer les expéditions et les recherches très coûteuses en haute mer, mais estimaient que les retombées de la commercialisation des ressources devaient profiter à tous.
Dans le cadre des objectifs de l’Agenda 2030
Le nouvel accord se présente globalement comme une ultime chance de lever les menaces qui pèsent sur l’océan, vital pour toutes les espèces. Il se positionne aussi comme une étape cruciale dans l’atteinte des objectifs et cibles de l’Agenda 2030. Parmi ces derniers figurent l’Objectif de développement durable (ODD), qui vise notamment à prévenir et à réduire considérablement la pollution marine sous toutes ses formes d’ici 2025 et à mettre fin à la surpêche.
60 ratifications pour que le texte entre en vigueur
Chaque État doit désormais ratifier le texte au plus vite afin qu’il entre en vigueur. Le document sera ouvert aux signatures le 20 septembre, au moment où des dizaines de chefs d’État et de gouvernement se réuniront à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU. Pour l’heure, l’on ne sait pas combien de pays décideront de monter à bord. La Russie a déjà pris ses distances vis-à-vis du traité, jugeant certains éléments « totalement inacceptables ». Mais les ONG estiment que le seuil de 60 ratifications pour entrer en vigueur ne devrait pas être trop difficile à atteindre.
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