La Commission européenne a présenté mercredi 28 juin une proposition législative visant à créer un euro numérique. Cette version digitale de la monnaie européenne sera utilisable au quotidien via des applications bancaires existantes. Elle devrait garantir la souveraineté monétaire numérique de la zone euro.
La Commission européenne a présenté, le mercredi 28 juin, une proposition législative prévoyant la création d’un euro numérique. Le texte vise à préparer le basculement de l’économie vers le numérique et à proposer un nouveau moyen de paiement pour la zone euro, en soutien des espèces (billets et pièces).
Pour une dématérialisation de l’euro et de l’économie européenne
Ce projet monétaire, le plus important des 27 depuis le lancement de la monnaie unique en 1999, a été lancé en 2021 sur initiative de de la BCE et de la Commission européenne qui souhaitent dématérialiser l’euro. L’idée a germé dans un contexte d’émergence des cryptomonnaies face au recul de l’utilisation de l’argent liquide. Elle constitue surtout une réponse aux projets privés de stablecoins des géants de la tech. A l’image du Libra (Diem) de Facebook, finalement abandonné.
Stocké sous forme de wallet dans les applications bancaires
La BCE prévoit que l’euro numérique soit utilisable au quotidien et stocké dans les applications bancaires existantes sous forme de « wallet » (portefeuille numérique). La banque centrale pourrait obliger les établissements bancaires, et plus généralement les prestataires de services de paiement, à distribuer gratuitement cette monnaie, ainsi qu’un ensemble de services de base permettant de l’utiliser. Elle pourrait également proposer son propre portefeuille numérique pour en faciliter aux personnes mal bancarisées.
Instantanéité, confidentialité, universalité
Selon la BCE, les paiements devraient être instantanés et bénéficier d’un niveau élevé de confidentialité des données personnelles. Ce qui signifie que la banque centrale européenne et les banques centrales nationales n’auront aucun accès à l’identité des particuliers ou des entreprises.
L’euro numérique offrira à l’Europe une certaine indépendance stratégique et une autonomie dans le monde des paiements de détail face aux stablecoins privées à portée supranationale. Cette devise promeut également l’universalité de la monnaie numérique en Europe car il n’existe actuellement aucun moyen de paiement numérique européen accepté par tous.
Scepticisme des banques commerciales
Malgré tous ces avantages, il va falloir rassurer les banques commerciales qui se méfient de l’émergence de l’euro numérique de détail. En effet, elles craignent de se voir priver d’une partie de leurs ressources avec la création de cette monnaie. Au niveau des citoyens européens, on redoute que l’euro numérique conduise vers un contrôle total des finances personnelles grâce et une plus grande dictature monétaire. En outre, on pointe la gabegie énergétique déjà bien visible avec les cryptomonnaies comme le Bitcoin.
Un lancement de la monnaie pas avant 2027
L’euro numérique ne serait donc pas une très bonne affaire si elle venait à voir le jour. Mais nous en sommes encore bien loin. Il faudra qu’elle passe encore le tamis législatif. La proposition de règlement devra prochainement faire l’objet d’un examen, et éventuellement subir quelques modifications. Et si tout se passe bien, le nouvel instrument de paiement ne rentrera en vigueur qu’après 2027.
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