L’abaya, l’habit qui prend la porte de l’école

Une jeune femme qui porte l'abaya.
Photo de Ifrah Akhter sur Unsplash

A partir de cette rentrée scolaire, l’abaya n’est plus autorisé dans l’enceinte des écoles en France. Le ministre de l’Education national, Gabriel Attal, en a décidé ainsi. Il ne veut plus qu’on identifie la religion des élèves grâce à un type d’habit. Quoique largement partagée par les Français, cette interdiction essuie quelques critiques.

Lundi 4 septembre, les élèves de France ont repris le chemin de l’école après trois mois de vacances. Mais avec une nouvelle inscription aux portes des lycées et collèges : interdiction de porter l’abaya. C’est-à-dire cette longue robe généralement portée par les jeunes filles musulmanes. Son équivalent masculin est le qamis, plus rare.

Une mesure signée Gabriel Attal

C’est le ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, qui a décrété qu’on ne pouvait plus porter l’abaya dans les établissements scolaires. Le jeune ministre (34 ans) explique que ce vêtement a une connotation trop religieuse. Il renverrait peu trop à la culture arabo-musulmane. Or, il souhaite qu’on ne puisse plus identifier la religion d’un élève rien que par ses habits. Ceci au nom de la laïcité et des valeurs de la république française.

Une décision dangereuse et cruelle pour Mélenchon

Comme on s’en doutait, l’interdiction a suscité des critiques au sein de la classe politique. Surtout chez les Insoumis. Jean-Luc Mélenchon, le patron de LFI, dénonce « une mesure dangereuse et cruelle ». L’écologiste Sandrine Rousseau, elle, évoque une « machine de broyage » des adolescentes. Mais la contestation ne vient pas que des politiciens. Même les sportifs s’y sont mis. Jule Koundé et Ibrahima Konaté, des joueurs de l’équipe de France de football, ont exprimé leur désapprobation sur les réseaux sociaux quand ils ont appris qu’une soixantaine d’élèves avaient été chassées de leurs écoles pour avoir porté l’abaya.

Le Conseil français du culte musulman prend acte

Par ailleurs, certaines féministes ont ajouté leur grain de sel. Elles voient dans l’interdiction de l’abaya, le prolongement de la censure de la burqa, du burkini et du hijab. Pour elles, c’est pourtant une tunique à la mode chez les jeunes de toute origine. Evidemment, les associations musulmanes ont exprimé leur désarroi. En particulier ADM, qui déplore une mesure visant les arabes. L’organisation appelle à traiter les vraies questions de la société française, au lieu de faire d’un sujet « résiduel » un « cheval de bataille politique ». Pour sa part, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a simplement dit avoir « pris connaissance » de la décision. Toutefois, il alerte sur certaines dérives envers les élèves musulmans de la part du corps éducatif.

Le Conseil d’État rejette un recours des opposants

Si les récriminations des musulmans sont légitimes, il faut dire que l’interdiction de l’abaya vise avant tout à se conformer aux lois de la République. Et cela qu’elles soient justes ou non. Le bon sens voudrait qu’on respecte les règles de son pays natal ou d’accueil. D’ailleurs, avec un peu d’honnêteté, on admettra aisément que cet habit n’a rien d’innocent. Il exprime l’identité musulmane, voire islamiste. En effet, les rigoristes le perçoivent comme une alternative au voile, cet autre vêtement imposé aux femmes dans les pays musulmans.

Pas d’atteinte grave au droit à l’éducation

Le Conseil d’Etat a d’ailleurs pris parti pour la majorité des Français. L’institution a rejeté un recours visant à suspendre l’interdiction du port de l’abaya dans les établissements d’enseignement publics. Elle explique que ce vêtement relève d’une « logique d’affirmation religieuse ».  Et que son interdiction « ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée, à la liberté de culte et au droit à l’éducation ». Un avis que ne partage pas le Congrès américain. Sa Commission sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) parle d’une entrave à la liberté des individus. Elle estime qu’il s’agit d’« un effort malavisé pour promouvoir la valeur française de laïcité ».

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