Précarité : le découvert bancaire s’accentue en France

Photo de Markus Winkler sur Unsplash

Selon le baromètre annuel de la pauvreté du Secours populaire, un Français sur cinq vit à découvert bancaire en 2023. C’est plus que les années précédentes. En cause, la période d’inflation inédite, qui fragilise les budgets.

Le Secours populaire et Ipsos ont publié, le 6 septembre 2023, le 17e baromètre de la pauvreté et de la précarité en France. Selon le document, près de six Français sur dix (58 %, +1 point) ont connu une situation de précarité ou étaient sur le point d’en connaître une à un moment donné, cette année. Aussi, plus d’un Français sur deux n’ont pas pu économiser et près de 20% vivent chaque mois à découvert (+ 3 % par rapport à 2022).

Qu’est-ce que le découvert bancaire ?

Le découvert bancaire, c’est lorsque le compte courant passe en position débitrice, autrement dit dans le rouge. Pour bénéficier de cette situation, il faut obtenir une autorisation de sa banque. Cette autorisation fixe un solde négatif maximum tolérable sur une certaine durée. Mais cela a un coût. En effet, les banques facturent des frais de mise en place, voire des frais annuels récurrents. D’autres établissements appliquent des frais proportionnels. C’est-à-dire en fonction du montant de l’autorisation de découvert et plus rarement du montant utilisé.

Des agios et des intérêts débiteurs

Il faut noter que le découvert autorisé fonctionne comme un crédit pour les banques. Lorsque le solde devient négatif, elles perçoivent des intérêts débiteurs ou agios, dont le montant dépend de la durée du découvert et de la somme réellement utilisée. Les groupes bancaires se réservent également le droit de facturer des commissions d’intervention ; et dans le cas échéant, de rejeter les prélèvements ou chèques. Ainsi, ils tirent également profit de l’autorisation de découvert.

Des critiques autour du découvert bancaire

Mais ce service pose de plus en plus problème en France. En effet, les organisations de défense de consommateurs se demandent s’il est normal de faire payer aussi cher les frais liés aux incidents de paiement, au risque d’accentuer encore les difficultés financières des clients. Aussi, s’interrogent-elles, s’il n’y a pas d’autres solutions, plus vertueuses et moins stigmatisantes à un défaut de débit que le découvert bancaire. Par ailleurs, certaines personnes ne comprennent pas pourquoi on peut autoriser un usager à dépenser plus d’argent qu’il n’en a. Tout en ne lui accordant que 30 jours pour rétablir la situation.

Le découvert bancaire, un système dépassé ?

En outre, certaines voix s’élèvent pour pointer l’anachronisme même du découvert bancaire, mis en place dans les années 1970 au moment de l’essor du chèque. A l’époque, le chèque était le moyen de paiement dominant ; et les banques tenaient les comptes à la main ou sur des ordinateurs centralisés. Aujourd’hui, la situation a changé. La carte bancaire est le moyen de paiement le plus utilisé. Et la modernisation des terminaux de paiement ainsi que des réseaux de télécommunications permet désormais de contrôler et d’actualiser le solde du compte en temps réel.

De la nécessité des banques de s’adapter

Mais, pour d’autres Français, l’anachronisme du découvert bancaire n’est pas le problème. Tout se situerait dans la réglementation. Ils souhaitent que les pouvoirs publics introduisent quelques évolutions sur ce service. Par exemple en instaurant un plafonnement de certains frais ou en imposant aux banques la détection précoce de la fragilité financière des clients. De nos jours, il existe des algorithmes et des solutions intelligentes pour un suivi personnalisé des usagers et l’identification de risque d’incident. Les législateurs pourraient également contraindre les banques à se montrer plus flexibles en étalant dans le temps le remboursement de la créance ou en adaptant la date du prélèvement de la mensualité.

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