Huawei, bien que frappé par des sanctions américaines depuis 2019, a réussi à fabriquer une puce 5G. A savoir Kirin 9000s, une puce gravée en 7 nanomètres retrouvé dans le dernier smartphone du groupe, le Mate 60 Pro.
En 2019, au plus fort des tensions entre Pékin et Washington, le gouvernement américain de Donald Trump a placé Huawei sur sa liste noire en matière commercial. Cette mesure empêche le géant chinois des smartphones d’importer des technologies américaines ou de s’approvisionner en composants auprès de fondeurs taïwanais. Conséquence : le groupe a interrompu la fabrication de nouvelles puces Kirin, après le lancement du Kirin 9000 à la fin de 2020.
De 45 nm à 7 nm, un bond prodigieux
Cette interdiction ne permettait donc pas à Huawei de lancer de nouveaux produits. Pour limiter les dégâts, l’entreprise chinoise a dû recycler de vieux composants obsolètes pour fabriquer des téléphones pleins de défauts. Eu égard à ses déboires, certains experts du secteur des micro-conducteurs ont affirmé que la Chine ne pourra pas rattraper son retard sur les Etats Unis avant une bonne décennie. Mais Bloomberg a annoncé une nouvelle retentissante en début de semaine.
Selon l’agence américaine, qui dit avoir inspecté le nouveau smartphone Huawei (le Mate 60 Pro), Huawei a inséré une puce gravée en 7 nanomètres (nm) dans son produit. Baptisée Kirin 9000s, cette puce reprend dans les grandes lignes la Kirin 9000 sortie il y a trois ans. Cette fabrication représente d’autant un exploit que la Chine ne produisait que des puces en 45 nm en 2019. Toutefois, à l’époque, le fondeur chinois SMIC travaillait déjà sur des puces gravées en 14 nm.
Des interrogations sur les capacités de fabrication
En produisant sa Kirin 9000s, Huawei fait également un doigt d’honneur à Washington qui a tout fait pour l’empêcher de développer ses activités. L’entreprise avait déjà pris sa revanche en retrouvant le chemin de la croissance au premier semestre 2023. Si l’évidence s’impose pour la puce 7 nm, les observateurs se demandent cependant comment Huawei s’est arrangé pour la produire. Selon des rumeurs, le groupe aurait collaboré avec le principal fondeur chinois, SMIC, pour concevoir des solutions innovantes d’empilage de puces. Le géant technologique chinois aurait empilé deux puces 14 nm pour obtenir des performances similaires aux puces 7 nm.
Les sanctions américaines, un mal pour un bien
D’autres sources laissent entendre que Huawei a dû contourner les sanctions américaines afin de continuer de s’approvisionner en composants taïwanais au moyen des subsides de Pékin. Ou que la société a dû mettre en place un réseau secret d’usines sur le territoire chinois. Quoiqu’il en soit, Huawei a frappé fort avec la production de cette puce 7 nm. On pourrait même dire que les Etats Unis ont aidé, sans le vouloir, la Chine à gagner son autonomie au niveau des semi-conducteurs.
Une gravure en 7 nm déjà presque dépassée
Mais certains analystes relativisent la prouesse de Huawei. En effet, une gravure en 7 nm n’est plus vraiment exceptionnelle aujourd’hui. Depuis quatre ans, la puce 4 nm s’impose comme la norme, en attendant l’arrivée prochaine du 3 nm chez Apple avec l’iPhone 15. De plus, il n’est pas sûr que SMIC ou la division de fabrication de puces de Huawei, HiSilicon, ait les capacités de fabriquer des milliers de puces de ce genre pour concurrencer sérieusement les Etats Unis.
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