Solidarité Gaza-Israël : deux poids et deux mesures ?

Photo de CHUTTERSNAP sur Unsplash

Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, on assiste à une solidarité partisane dans le monde occidental. Tandis qu’on pleure les pertes civiles israéliennes et encourage les marques de soutien à l’Etat hébreu, on ne fait pas cas des victimes gazaouies et ne tolère pas les appels ou manifestations en faveur du peuple palestinien.

Le samedi 7 octobre dernier, le Hamas, groupe armé qui contrôle la bande de Gaza, a lancé une offensive d’ampleur contre Israël baptisée « déluge d’Al-Aqsa». Le même jour, Tsahal a riposté à travers l’opération « Sabres de fer », visant à détruire totalement cette milice islamiste. En une semaine de combats, on dénombre plus de 1000 morts côté israélien et plus de 2000 côté palestinien, en incluant les victimes du bombardement d’un hôpital à Gaza.

Une solidarité légitime aux victimes israéliennes

Dans le monde occidental, l’attaque massive du Hamas a provoqué une indignation générale. On pleure les victimes de l’assaut islamiste et exprime son inquiétude pour les otages. On note également des messages de soutien massifs sur les réseaux sociaux, ainsi que l’organisation de manifestations pro-israéliennes. Cet élan de solidarité se comprend aisément au regard de la barbarie du groupe armée palestinien, auteur d’un carnage dans une rave-party au début du conflit. On s’accorde pour dire qu’aucune revendication politique ne justifie une telle violence.

Des sportifs pris à partie pour leur solidarité à Gaza

Mais, il est incompréhensible qu’on refuse aux autres un soutien au peuple palestinien. Toute marque de solidarité en faveur de Gaza étant systématiquement supprimée sur Internet ou sa portée limitée. Leurs auteurs en ont pour leur compte. Karim Benzema, notamment, a été violemment pris à partie par un international israélien sur X. D’autres footballeurs ont été rappelés à l’ordre par leur club, à l’image de Mouctar Diakhaby (Valence FC), Hakim Ziyech (Galatasaray SK), Nabil Fekir (Real Beti) et Noussair Mazraoui (Bayern Munich). Youcef Atal (Nice), lui, est suspendu temporairement par ses dirigeants et fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « apologie du terrorisme ».

Les rassemblements pro-Palestine interdits en France

Par ailleurs, les manifestations pro-palestiniennes font l’objet d’interdiction dans certains pays, comme la France. En Hexagone, les autorités expliquent qu’elles sont « susceptibles de générer des troubles à l’ordre public » et de donner des idées à des terroristes. Un argument que renforce le meurtre d’un professeur de Lettres la semaine dernière. Les interdictions de manifestations se sont ainsi multipliées ces derniers jours, notamment à Paris, Rennes, Lyon et Toulouse. Saisi par les associations musulmanes, le conseil d’Etat a décidé qu’il appartient aux préfets d’autoriser ou non ces rassemblements.

Un amalgame entre peuple palestinien et Hamas

Ailleurs dans le monde, on se montre plus conciliant, comme en Espagne, en Angleterre, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. Au pays de l’Oncle Sam, des milliers de personnes ont défilé ces derniers jours contre le « colonialisme israélien » et en « soutien au peuple palestinien ». En Suisse, des rassemblements ont également eu lieu à Genève et à Berne. La répression de la solidarité au peuple gazaoui repose sur l’idée que ce soutien englobe aussi le Hamas. Les musulmans qui soutiennent la population gazaouie, prise entre deux feux, cautionneraient en fait (de manière voilée ou indirectement) la barbarie du groupe islamiste et le terrorisme en général.

Le danger de tolérer les terroristes dans les rues

La plupart de ces personnes rejettent ce raccourcis de la pensée. Elles s’inquiéteraient simplement pour les civils palestiniens comme l’Occident s’inquiète pour les civils ukrainiens bombardés par la Russie. Mais à tolérer les manifestations pro-palestiniennes ne court-on pas le risque d’un débordement islamiste ? Ne mettrait-on pas terroristes et simples citoyens musulmans sur la même balance du droit ?. C’est ce que craignent justement les politiques européennes.

Un civil reste un civil, quel que soit son camp

Aussi, peut-on soutenir Gaza sans avoir de la sympathie pour le Hamas qui porte son combat ? Cela est possible pour toute personne qui considère les vies humaines égales. Aussi, il est dangereux voire malsain de considérer que tout habitant de Gaza reste un militant du Hamas, et qu’il mérite bien son sort. Un civil n’est pas un belligérant. Il est libre de ses croyances et de ses opinions. D’ailleurs, l’autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, est l’entité qui représente ce peuple.

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