Suppression de l’AME : les médecins s’y opposent farouchement

Les médecins en colère contre la suppression de l'AME.
Photo de Mika Baumeister sur Unsplash

La suppression par le Sénat de l’Aide médicale d’État (AME), remplacée par l’Aide médicale d’urgence, suscite une vague de protestations chez les médecins. Qu’ils soient salariés ou libéraux, les praticiens menacent de désobéir à l’exécutif si ce dispositif venait effectivement à disparaître. 

Le Sénat a adopté, le mardi 7 novembre, à 200 voix pour et 136 voix contre, un amendement qui supprime l’Aide médicale d’Etat (AME), dans le cadre du projet de loi immigration. Il la remplace par l’Aide médicale d’urgence. Celle-ci réduit drastiquement le panier de soins proposés, en ne prenant en charge que quelques cas. Parmi lesquels les maladies graves, les douleurs aiguës, les soins liés à la grossesse, les vaccinations et les examens de médecine préventive.

380.000 personnes concernées par l’AME fin 2021

Instaurée dans les années 2000, l’AME permet aux étrangers en situation irrégulière en France de bénéficier d’une prise en charge des soins à 100%. Mais sous certaines conditions. L’immigré doit notamment résider sur le sol français depuis au moins trois mois et ne pas dépasser un certain seuil de revenus. Accordée pour un an, l’AME concernait plus de 380.000 personnes fin 2021, d’après un rapport sénatorial.

L’AME, une incitation à l’immigration irrégulière ?

Sa suppression est l’œuvre de la droite et de l’extrême droite, majoritaire au Sénat. Les sénateurs LR et RN pointent un coût financier très élevé, à l’heure de la rationalisation du budget de l’Etat. Ils dénoncent aussi et surtout un appel d’air à l’immigration irrégulière. Agnès Firmin, la ministre déléguée aux Professions de santé, rejette cet argument qui veut faire de l’AME un facteur d’attractivité pour les candidats à l’immigration.

Les médecins prêts à désobéir 

Les médecins, qui mettent en pratique cette aide, ont exprimé leur opposition à sa suppression dans une déclaration publiée le weekend dernier. Ils menacent même de désobéir à l’exécutif si l’AME venait à disparaître. En d’autres termes, ils continueront à soigner gratuitement les patients sans papiers, conformément au serment d’Hippocrate. « Je resterai indifférent à leurs conditions sociales ou financières, ainsi qu’à leur langue et leur nationalité », écrivent-ils entre autres.

Une hérésie économique et sanitaire

Certains médecins ont également tenu à démonter les arguments de la droite. Ils indiquent par exemple qu’il n’y a aucune économie à réaliser avec la suppression de l’AME. Bien au contraire, la facture pourrait être plus importante pour l’Etat. En effet, en ne traitant que des soins d’urgence, le gouvernement laissera de petites maladies s’aggraver. Ainsi le nombre de cas d’urgence augmentera et les dépenses aussi. Par ailleurs, la décision constitue une hérésie sanitaire. Car la France s’exposera à une épidémie avec des maladies contagieuses non traitées.

L’Assemblée nationale se prononcera en décembre

Face à ce non-sens, les médecins suspectent un calcul politicien. Les élus de droite chercheraient à flatter un électorat raciste, pas négligeable en France. Ce populisme est plutôt malsain. Pour le moment, le gouvernement n’a pas pris position sur l’AME. Mais il assure que cette aide reste un dispositif de santé publique. Après le Sénat, l’Assemblée nationale doit examiner le texte en décembre prochain avant une éventuelle entrée en vigueur.

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