Hôpitaux : les fresques carabine devenues dérangeantes

Les fresques carabine ornent les salles de garde.
Photo de R O sur Unsplash

La fin des fresques carabine ? Début novembre, des internes de l’hôpital de Vannes ont demandé le décrochage d’une peinture jugée sexiste et pornographique. Cette affaire relance le débat autour de ces peintures particulières, héritage d’une autre époque.

Le 2 novembre, des internes du Centre hospitalier Bretagne Atlantique de Vannes (CHBA), dans le Morbihan, ont adressé une lettre anonyme à l’Agence régionale de santé Bretagne pour exiger le décrochage d’une fresque jugée sexiste et pornographique. Cette peinture dite « carabine » représente quatre hommes en blouse blanche sur un drakkar. L’un est en plein acte sexuel avec une femme nue, en position gynécologique. Les trois autres, débout à côté, exhibent leurs parties génitales.

Une fresque bientôt retirée

Les plaignants envisagent de saisir la justice si la fresque n’est pas retirée dans les plus brefs délais. Cédric Pépion, président de la commission médicale du Centre hospitalier Bretagne Atlantique de Vannes, a promis d’exécuter la demande après consultation de tous les internes. Il regrette cependant le recours à une lettre anonyme « menaçante » pour obtenir gain de cause. Les auteurs du courrier, eux, ne s’embarrassent pas de la forme.

Jugée obscène et anachronique

Les fresques carabine sont des peintures murales, le plus souvent obscènes, décorant les salles de gardes dans les hôpitaux. Si elles ont longtemps été tolérées dans le milieu médical, elles font de plus en plus l’objet de critiques dans un contexte de dénonciation des violences sexuelles et homophobes. Leurs détracteurs les jugent anachroniques et dérangeantes. Cependant, certains professionnels de la santé les considèrent simplement comme l’expression d’une tradition.

Un témoignage de l’histoire des salles de garde

D’autres ont l’honnêteté de reconnaitre qu’il s’agit de vestiges d’une époque révolue et qu’il faudrait s’en débarrasser. Toutefois la plupart pointent un faux débat motivé par un puritanisme malvenu. Cette hyper sensibilité de certains internes ferait oublier l’importance des peintures carabine dans les salles de repos. Ces dessins contribueraient à briser le carcan de la sexualité, longtemps considéré comme un tabou, et à libérer les internes. Aussi, ils feraient régner une ambiance festive et humoristique dans un environnement souvent stressant.

Trois quarts des internes favorables à son maintien

Par ailleurs, on regrette une dictature de la minorité parce que la plupart des internes s’accommoderait de cette œuvre d’art. En effet, un vote interne de l’hôpital de Vannes, effectué début 2023, révèle que 73 % des internes ont réclamé le maintien de la fresque polémique, contre seulement 7 % pour son retrait. Ce vote a eu lieu quelques jours après que le ministère de la Santé a demandé aux hôpitaux de retirer les peintures controversées.

Des précédents à Toulouse et Clermont-Ferrand

Le gouvernement a émis cette instruction au plus fort du débat sur la place des fresques carabine à l’hôpital. Il a promis une politique de tolérance zéro face aux situations de harcèlement et de violences morales ou sexuelles à l’encontre des étudiants en santé. En 2015 déjà, une peinture murale représentant un viol collectif entre super-héros avait provoqué une polémique à l’hôpital de Clermont-Ferrand. Et en 2021, un autre dessin avait également fait l’objet de protestation à l’internat de médecine Toulouse.

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