Gérard Depardieu, un monstre sacré du cinéma ou un monstre tout court ?

Gérard Depardieu, Obélix , 2012.
Gérard Depardieu à l'avant-première de "Astérix et Obélix au service de sa majesté", par Georges Biard.

Gérard Depardieu divise le monde du cinéma français. Alors que l’acteur fait l’objet d’une mise examen pour viols et agressions sexuelles, il bénéficie du soutien de certains de ses collègues. Ceux-ci ont même publié une tribune pour prendre sa défense. Une action qui provoque l’ire des féministes et d’autres artistes.

Depuis plusieurs mois, Gérard Depardieu est la cible de dénonciations et d’actions en justice pour viols et comportements déplacés. Mais la polémique autour du célèbre acteur français a pris une nouvelle dimension après la diffusion, le 7 décembre dernier, d’un numéro de Complément d’enquête sur France 2. Dans cette séquence tournée cinq ans plus tôt en Corée du Nord, l’ogre du 7e art français tient des propos misogynes et obscènes envers des femmes.

De monstre du cinéma à un monstre tout court 

La diffusion de ce documentaire a provoqué une onde de choc et a relancé les accusations envers le comédien qui a toujours tout nié. L’actrice Anouk Grinberg, notamment, a dénoncé lundi, sur la Radio France Inter, les propos de Gérard Depardieu. Elle a parlé de lui comme d’un homme en disgrâce. Pour elle, « c’était un monstre sacré du cinéma mais tout le monde l’a autorisé à être un monstre tout court ». Anouk Grinberg a également appelé le monde du cinéma à cesser d’être indifférent « au mal qu’on fait aux femmes, aux humiliations qu’on leur inflige ».

Une tolérance coupable à l’égard de Gérard Depardieu

Le président du syndicat des producteurs de cinéma, Marc Missonnier, lui, reconnait que tous les acteurs de ce milieu sont « un peu coupables ». Ils auraient tous fait preuve de tolérance à l’égard de Depardieu ; ce qui était « une erreur. ». Sans surprise, les militantes et organisations féministes ont vivement critiqué celui qui a joué Obélix quatre fois. Elles ont également attaqué le monde du cinéma qui serait resté silencieux pendant toutes ces années où Depardieu a multiplié agressions sexuelles et verbales. Les activistes se disent d’autant écœurés que le sexisme semble revigoré six ans seulement après le début du mouvement #MeToo à Hollywood. Cette révolution féminine n’aurait donc pas porté ses fruits.

Gérard Depardieu « incapable de faire du mal à une femme »

Pour les admirateurs de Depardieu, il s’agit plutôt d’une diffamation. On reconnait volontiers l’humour grossier de l’acteur, mais on refuse de le considérer comme un violeur ou un sexiste. C’est d’ailleurs l’avis de la comédienne Carole Bouquet, qui fut sa compagne pendant dix ans. Pour elle, Depardieu « est incapable de faire du mal à une femme ». D’ailleurs, certains défenseurs préfèrent se limiter à son art. Ils souhaitent qu’on distingue l’artiste de l’homme, alors que des militants appellent au boycott de ses œuvres et que des élus pensent à lui retirer ses distinctions.

Une tribune en faveur de Gérard Depardieu

Dans une tribune publiée le lundi 25 décembre sur Le Figaro et intitulée « N’effacez pas Gérard Depardieu », des acteurs, chanteurs et réalisateurs exhortent à ne pas toucher au comédien tant que la justice ne s’est pas prononcée. Ils évoquent le « lynchage » médiatique d’un géant du cinéma français et préviennent contre les conséquences. « Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque. (…) Se priver de cet immense acteur serait un drame, une défaite. La mort de l’art. La nôtre », écrivent-ils. Parmi les auteurs du texte figurent Jacques Dutronc, Carla Bruni, Nadine Trintignant, Francis Veber, Pierre Richard et Nathalie Baye.

Une réaction virulente de Lucie Lucas

Emmanuel Macron a également pris la défense du Christophe Colomb de Ridley Scott. Il s’est dit « grand admirateur » du comédien. Parce que « c’est un immense acteur, qui a fait connaître la France dans le monde entier », le président de la République pense qu’il ne mérite pas le traitement actuel. Cette prise de position a ulcéré le collectif Nous Toutes, qui la considère comme « un crachat au visage des victimes de violences ». Lundi, la tribune signée en faveur de Gérard Depardieu a également provoqué l’ire de Lucie Lucas, connue pour son rôle dans la série télévisée « Clem ». L’actrice a qualifié les auteurs du texte de « boomers dégénérés ».

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