Loi Evin : de la difficulté de réguler une consommation culturelle

L’alcool, un problème de santé publique

Le gouvernement français, reconnaissant le problème de santé public que représente une consommation excessive d’alcool, s’est engagé dès le début des années 90 dans la lutte contre l’alcoolisme par le biais de la loi Evin. Cette loi du 10 janvier 1990 est connue de tous les Français car elle a établi l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics. Le deuxième volet de cette loi, la lutte contre l’alcoolisme, a quant à lui fait moins de bruit. Celui-ci restreint les publicités pour les boissons alcoolisées, afin de protéger les publics vulnérables, notamment les plus jeunes, des effets du marketing incitatif à la consommation.

Les médias et la loi Evin

Afin de protéger la population de la promotion des boissons alcoolisées, la loi Evin encadre les publicités en faveur de l’alcool à la télévision, au cinéma, dans les publications à destination des enfants, à la radio le mercredi et tous les jours après 17 heures (plages horaires considérées comme les heures de grande écoute des enfants), ainsi que sur les sites Internet dédiés à la jeunesse ou au sport.

Les limites de la loi

Cependant, les publicités de produits contenant de l’alcool ne sont pas totalement interdites (comme on peut le voir en regardant la télévision, notamment à l’approche des beaux jours). Ce qui est interdit c’est d’inciter à la consommation. Ainsi, le contenu de la publicité est réglementé : seuls les éléments « objectifs » sont autorisés, c’est-à-dire l’origine du produit, sa description, comment le consommer. La publicité doit aussi être accompagnée d’un message alertant sur les dangers d’une consommation excessive d’alcool.

Point intéressant, le message « A consommer avec modération », qui est tellement habituel que nos cerveaux le relient généralement à une publicité sur l’alcool, n’est en fait pas règlementaire. Il a été établi par l’usage.

De plus, tous les supports marketing ne sont pas concernés par cette règlementation. On voit notamment que la publicité pour des boissons alcoolisées est autorisée sur les affichages publicitaires, tant qu’ils contiennent un message sanitaire sur les dangers de l’alcool.

Enfin, si les publicités pour le vin et l’alcool sont bannis des lieux sportifs, elles sont cependant autorisées dans les « fan-zones ».

L’importance de faire perdurer la loi Evin

L’ANPAA (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie) – considère cette loi essentielle pour contrôler et limiter le marketing pour les boissons alcooliques, afin de protéger les publics vulnérables des incitations des professionnels de ce secteur économique.

Cette association, ainsi que les autres s’attachant à lutter contre les dangers de l’alcool, sont constamment confrontées aux industriels et lobbys qui cherchent à décrédibiliser la loi Evin et à faire passer des amendements afin d’en amoindrir la portée.

La France est loin d’être le seul pays qui cherche à répondre de manière adaptée au problème entre alcool et santé. Il est intéressant de noter que la loi Evin, qui était à ses débuts vue comme une réglementation innovante, la France servant d’exemple dans le domaine, n’est plus aujourd’hui une exception. De plus, l’application de cette loi a plutôt été bénéfique ces 16 dernières années puisque l’on constate que la consommation annuelle d’alcool en France a baissé de 20% .

 

 

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