Abandon d’EuropaCity : la décision gouvernementale a-t-elle fait fuir Tesla ?

Europacity Tesla

Elon Musk envisageait-il d’implanter une usine Tesla en région parisienne ? Si son choix s’est finalement porté sur la banlieue berlinoise, la décision du gouvernement d’abandonner Europacity aurait inquiété les investisseurs californiens, au départ intéressés par la France. Les pouvoirs publics auraient-ils envoyé un mauvais message aux investisseurs étrangers ?

L’abandon du projet EuropaCity a-t-il alarmé d’autres investisseurs étrangers au point de les faire fuir ? C’est en tout cas la thèse défendue par la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui assure que l’entrepreneur Elon Musk a renoncé à l’idée d’implanter sa future « gigafactory » à Paris après la décision surprenante du gouvernement.

« Il faut rassurer les entreprises, leur garantir qu’elles pourront investir ici en sécurité », a expliqué en conférence de presse le 22 novembre dernier la Présidente de la Région Île-de-France, pour qui l’abandon inattendu d’EuropaCity est loin de répondre à cet objectif. « Tesla a hésité entre l’Île-de-France et Berlin pour implanter son usine géante ; quand ils ont vu EuropaCity, ils sont partis en Allemagne », a-t-elle déploré.

Le patron du constructeur automobile Tesla a en effet annoncé, mardi 12 novembre, que sa future « gigafactory » pour produire sur le Vieux continent des Tesla Model Y et Model 3 s’installerait à Berlin et non sur le plateau de Saclay, comme cela avait été envisagé. Au grand dam des autorités franciliennes, qui voient quelque 10 000 emplois et un investissement d’environ 2 milliards de dollars leur échapper.

Une pilule difficile à avaler après l’abandon d’EuropaCity, qui avait déjà fait perdre au Val-d’Oise un investissement privé de plus de trois milliards d’euros, la promesse de 10 000 emplois et la locomotive de l’urbanisation du Triangle de Gonesse.

« Animé par l’envie de faire vite »

Car en choisissant finalement de ne plus soutenir l’implantation du gigantesque complexe de culture et de loisirs dans le Val-d’Oise, le gouvernement a mis un sérieux coup d’arrêt au développement de toute la région Île-de-France. Un mauvais signal envoyé aux entreprises qui souhaitent s’engager sur le territoire, d’autant plus que la fin d’Europacity pourrait signifier l’abandon de la gare de métro prévue dans le Triangle de Gonesse, condition incontournable pour le décollage économique de la zone.

En effet, Europacity devait participer à un effet « boule de neige » et attirer dans son sillon et dans tout le bassin parisien une pléthore d’investisseurs privés. Par exemple la Semmaris, société gestionnaire des marchés de Rungis, prévoyait d’ouvrir un « Rungis 2 » dédié à l’alimentation bio dans les environs de Gonesse. La société aurait pour l’instant suspendu son projet, inquiète de la tournure des événements. Idem pour le quartier d’affaires Triango, lui aussi annulé. Prévu par l’entreprise BoPro, il promettait la création de pas moins de 40 000 emplois dans le Triangle de Gonesse, à côté d’EuropaCity.

La défection d’Elon Musk s’inscrit donc peut-être dans un mouvement plus général de frilosité soudaine des entreprises pour investir massivement en Île-de-France. Certes, plusieurs facteurs expliquent la décision de l’Américain : la capitale allemande dispose d’un grand bassin d’ingénieurs innovants et le land du Brandebourg est pionnier en matière d’énergies renouvelables, très recherchées par le patron de Tesla. Enfin, les subventions promises par Berlin pour faciliter l’implantation du constructeur ont également pesé dans la décision.

Mais « un des éléments décisifs peut également avoir été la vitesse », analyse le consultant Philippe Chain, qui a travaillé plusieurs mois aux côtés d’Elon Musk. Assez pour affirmer que l’entrepreneur « est animé par l’envie de faire vite. C’est sa priorité ». Or, la guérilla judiciaire déclenchée par les opposants d’EuropaCity n’a sans doute pas contribué à rassurer l’homme qui « vise une usine berlinoise prête à produire en 2021 ».

Le projet alternatif, « un écran de fumée »

Comme Berlin, Londres pourrait maintenant se frotter les mains. La rumeur veut que les investisseurs d’EuropaCity (Ceetrus, la filiale immobilière d’Auchan, et le groupe chinois Wanda) se soient vu proposer de faire naître leur projet dans la banlieue de la capitale britannique. Il s’agit certes d’une rumeur mais, selon une source proche du dossier citée par France 3, « les discussions auraient déjà commencées » entre les différentes parties prenantes du dossier.

Une situation qui attise la déception des élus locaux, d’autant que le projet alternatif promis par le gouvernement ne convainc pas. « Le projet alternatif, il n’y en a pas. C’est un écran de fumée », dénonce le maire (PS) de Gonesse, Jean-Pierre Blazy.

Pour les responsables politiques val-d’oisiens, la seule solution acceptable serait un projet permettant le maintien de la station Gonesse sur la future ligne 17 du métro automatique et la création d’au moins 10 000 emplois, comme le prévoyait EuropaCity. Sans oublier les nombreux équipements culturels prévus à l’époque par le mégaprojet (halle d’expositions, salle dédiée au cinéma, musée pour les enfants…).

Pour le gouvernement, le casse-tête du Triangle de Gonesse ne fait que commencer.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.