Google : encore un recours sur la nouvelle politique en matière de cookies

 

Une coalition de spécialistes du marketing a déposé mercredi un recours auprès de la Commission européenne contre la nouvelle politique de Google en matière de cookies. Baptisé « Privacy Sandbox », cette dernière affecterait les activités et les fonctionnalités du web ouvert. Pis, elle permettrait au géant du numérique de décider tout seul des règles d’Internet.

Un groupe anonyme d’entreprises qui pèse 40 milliards de dollars

Une coalition de sociétés de marketing dénommée Movement for an Open Web (MOW) a déposé, mercredi 29 septembre 2021, une plainte antitrust auprès de la Commission européenne. Elle souhaite la suspension de la nouvelle politique de Google en matière de cookies. La liste des plaignants n’a pas été publiée. Ces entreprises se contentent de préciser que leurs revenus annuels dépassent les 40 milliards de dollars… Ce groupe opaque dit avoir fourni à la Commission un rapport détaillé sur le potentiel impact des changements de Google sur la publicité en ligne.

Baptisé « Privacy Sandbox », le nouveau programme du géant américain est annoncé depuis plusieurs mois. Il vise à remplacer les cookies tiers dans Chrome, dont la fin interviendra en 2023. Objectif : renforcer la confidentialité des utilisateurs à travers de nouvelles méthodes de suivi. Dénommées « Federated Learning of Cohorts » (FLoC), celles-ci reposent sur les centres d’intérêts des internautes. À partir desquels la firme de Mountain View créé des cohortes d’utilisateurs sur la base d’historiques de navigation similaires.

« Créer des règles du jeu équitables pour maintenir et protéger un Web ouvert »

Selon Google, cette technologie actuellement en test permettra aux annonceurs de sélectionner des publicités en fonction de ces grands groupes. Il y a donc la promesse d’une plus grande précision et efficacité. Mais, le MOW juge que ce changement va affecter certaines activités d’Internet telles que l’optimisation des performances et les analyses indépendantes. Elle va aussi et surtout impacter les fonctionnalités du web ouvert. Ceci en donnant à Google le monopole absolu sur les données. Il pourra en faire ce qu’il veut.

« C’est une perspective très effrayante », estime Tim Cowen, conseiller juridique de MOW, en charge du contentieux antitrust au sein du cabinet Preiskel & Co LLP. « Nous demandons à la Commission européenne de créer des règles du jeu équitables pour toutes les entreprises numériques, afin de maintenir et de protéger un Web ouvert », a-t-il préconisé. Cette plainte du MOW s’ajoute à une enquête ouverte par la Commission européenne elle-même, en juin dernier. Elle vise les pratiques publicitaires de Google. Le régulateur européen a dit qu’il étudierait de près la politique du « Privacy Sandbox ». Il craint que cette innovation permette aux entreprises de cibler des groupes de consommateurs sans identifier les individus.

Google fait des concessions

La Competition and Markets Authority (CMA), l’équivalent français de l’Autorité de la concurrence au Royaume-Uni, avaient aussi ouvert en janvier dernier une enquête sur la légalité du « Privacy Sandbox ». En outre, le ministère américain de la Justice a déclaré qu’il examine la question pour voir de quoi il retourne. Toutes ces procédures devraient mettre du temps à aboutir. Ce qui n’empêche pas Google de mettre en œuvre une série d’engagements, principalement pour satisfaire le gendarme britannique.

Il a d’abord indiqué qu’il retardera son calendrier de déploiement progressif de sa nouvelle politique. Il a également proposé de ne pas supprimer les cookies jusqu’à ce que l’Autorité britannique apprécie ses alternatives devant protéger la confidentialité. Par ailleurs, Google a promis de ne pas discriminer les concurrents en faveur de ses propres activités. En outre, le groupe a indiqué que les résultats de ses tests seront publiés dans un souci de transparence. Si la firme américaine fait amende honorable, c’est en grande partie parce qu’elle craint de nouvelles sanctions des instances européennes.

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